CONJONCTURE. Il n'y a pas de vaste exode des citadins français hors des grandes villes à la suite de la crise sanitaire et du confinement, ont fait savoir les notaires de France, lors de leur présentation annuelle des chiffres de l'année. Le marché, "particulièrement sain", pourrait cependant commencer à subir les conséquences de la crise économique au milieu de l'année prochaine.
"Ce n'est pas l'exode urbain", a jugé, le 10 décembre, le notaire Frédéric Violeau, lors d'une présentation d'un bilan annuel du marché immobilier à partir des chiffres de la profession. "A l'échelle du territoire français, on ne peut pas dire qu'il y ait eu des bouleversements importants", a-t-il insisté. L'année a pourtant été marquée par un événement exceptionnel avec la crise sanitaire.
Ces épisodes ont conduit certains observateurs du marché immobilier à s'interroger sur une désaffection à l'égard des grandes villes, face par exemple aux possibilités ouvertes par l'essor du télétravail. Mais, à l'issue de 2020, "les prix ont augmenté de manière absolue sur toutes les grandes villes en France", a noté Frédéric Violeau. "Aucune baisse sur un an n'a été observée".
Plusieurs hausses notables
Cette hausse est particulièrement marquée dans les villes de l'ouest de la France, comme Rennes ou Nantes. Le prix médian des appartements y bondit de plus de 10% à respectivement 3.170 euros et 3.580 euros le mètre carré. Une hausse est particulièrement notable, celle du Havre, l'une des villes où les logements sont le moins chers avec Saint-Etienne. Dans la ville normande, le prix des appartements a progressé de quasiment 10% à 1.870 euros le mètre carré.
Quelques effets des confinements
Même si ces chiffres témoignent d'un attrait persistant des agglomérations, les notaires ne nient pas que la crise semble avoir des effets modérés sur les désirs des acheteurs. "Il y a bien des déplacements de curseurs", admet le notaire. Ainsi, les prix des maisons, qui progressaient jusqu'alors moins vite que ceux des appartements, accélèrent. "On a eu un petit vent de verdure, disons-le clairement", a observé la notaire parisienne Elodie Frémont, commentant des chiffres franciliens déjà annoncés fin novembre.
La part des acheteurs franciliens dans les départements limitrophes situés à l'ouest et au sud de l'Ile-de-France a légèrement augmenté, "sans que l'on puisse dire s'il s'agit d'une réaction au sens littéral du terme, ou si on s'inscrit dans une tendance qui va perdurer".
L'immobilier, valeur "particulièrement stable", pourrait subir les effets de la crise "si elle perdure".
Peut-être en lien avec cette légère inflexion de la demande, les projections laissent penser que les prix en régions vont augmenter plus vite qu'en Ile-de-France. Ainsi, Les projections pour le 4e trimestre 2020 laissent présager de la poursuite de la hausse, légèrement plus prononcée en régions qu'en Île-de-France (France métropolitaine +6,6%, régions +7,1%, Ile-de France +6,1%). Et à fin janvier 2021, les projections indiquent des évolutions sur un an de +5,8% pour la France métropolitaine, +6,8% en régions et +4,6% pour l'Île-de-France.Le deuxième semestre 2021 pourrait voir, selon les notaires, le début des conséquences sur les prix des effets de la crise économiques, si elle se renforce. Même si, jusqu'ici, "le marché immobilier dans l'ancien s'est montré particulièrement solide et particulièrement résilient ; ce qui démontre qu'il s'agit d'un marché tout simplement sain", a affirmé David Ambrosiano, président du Conseil supérieur du notariat.
+4,2% : évolution sur un an de l'indice de prix des maisons anciennes en France métropolitaine,
-5% : pour le nombre de transactions réalisées au cours des 12 derniers mois en France,
55m² : surface finançable d'un appartement ancien sur l'ensemble de la France (mensualité de 800€/mois pendant 20 ans et sans apport), quasi stable (-1m²) sur un an,
148 m² : surface finançable d'une maison ancienne sur l'ensemble de la France (mensualité de 1.300€/mois pendant 20 ans et sans apport), en diminution de 6 m² sur un an.