L'Espagne assiste à un boom immobilier exceptionnel et voit le prix du mètre carré construit atteindre des records.

La construction de logements est l'activité la plus dynamique a noté Pablo Diez Roméral, directeur d'une des principales sociétés d'estimation d'actifs immobiliers du pays, cité par l'AFP.

Selon des chiffres officiels, les investissements dans le BTP ont progressé de 3,8% d'avril à juin sur un an, à un rythme supérieur à la croissance de
l'économie espagnole qui est pourtant l'une des plus élevés de l'UE (+2,3% au 2ème trimestre sur un an) et dont le principal moteur est la forte
consommation des ménages (+3,1% sur un an) notamment en matière de logement.

Des facteurs démographiques, notamment une nette progression de la
population âgée de 25 à 34 ans, la baisse des taux d'intérêt et "une
importante création d'emplois" à partir de 1994 ainsi qu'une amélioration des salaires expliquent selon une étude de la caisse d'épargne la Caixa sur l'évolution du marché immobilier.

Depuis 1999, 500.000 nouveaux logements se construisent chaque année en Espagne. Fin 2001, le pays comptait 20,82 millions de logements, soit 3,61 millions de plus qu'en 1991, a précisé la Caixa.

La déprime des marchés boursiers a également encouragé les Espagnols à se tourner vers des investissements dans l'immobilier dont la rentabilité est moins instable.

Par ailleurs, les étrangers ont fortement investi dans l'immobilier, à hauteur de 6,04 milliards d'euros en 2002, soit le double du chiffre de 1999.les prix encore relativement abordables sur la côte méditerranéenne est le principal élément attractif pour les acheteurs étrangers.

Cette situation sans précédent fait du secteur immobilier espagnol le numéro un en Europe en terme de dynamisme.

Récemment, l'Union générale des travailleurs (UGT, proche des socialistes), deuxième syndicat du pays, a qualifié dans un communiqué de "terrifiante" la hausse des prix des logements avant de s'en prendre à la spéculation immobilière. Les suppléments hebdomadaires consacrés à l'immobilier dans la presse espagnole parlent même de plus en plus ouvertement d'un risque de bulle spéculative.

Actuellement, plus de 1,5 million de logements sont inoccupés en Espagne.

"Cette situation aurait dû freiner les prix, mais cela n'a pas été le cas", a
fait remarquer le responsable de Tasa Madrid selon lequel les prix
continueront d'augmenter "sans doute d'une façon plus modérée, restant
toutefois bien supérieurs au rythme du taux de la croissance économique et du taux d'inflation".

Autre facteur d'inquiétude, l'endettement record des ménages dont les revenus ne sont pas alignés sur la hausse du prix des logements. Actuellement près de 50% des revenus des ménages qui ont acquis un logement est consacré au remboursement d'un prêt hypothécaire. Une telle situation pourrait à terme freiner la reprise économique. Le gouverneur de la Banque d'Espagne, Jaime Caruana a souhaité publiquement que les dépenses immobilières soient davantage en rapport avec l'évolution des revenus.



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