Finalement, le marché de l'immobilier d'entreprise en France aura enregistré une baisse moins forte que prévu. Si les investissements baissent d'environ 10%, c'est notamment grâce aux opérations de grande envergure et aux transactions dans le commerce de luxe. Détails.
On disait le marché de l'immobilier de bureaux moribond en 2012. Au final, la chute des investissements -en moyenne 10% sur l'Hexagone par rapport à 2011 à 14.9 Md€ selon le dernier baromètre Cushman & Wakefield - aura été amortie par deux phénomènes principaux.
Ainsi, le cabinet souligne le rôle important des grandes transactions "qui a permis de compenser le manque d'offres de qualité et la désaffection des investisseurs pour les biens et marchés secondaires". Trente-neuf transactions de plus de 100 M€ totalisant 7.9 Md€ ont ainsi été enregistrées en 2012, contre 43 pour 8.3 Md€ l'année précédente, comptant pour 53% de l'ensemble de montants engagés dans l'Hexagone (50% en 2012). Concrètement, trois transactions supérieures à 500 M€ ont animé le marché parisien : la vente par Groupama au Qatar du 52/60 avenue des Champs-Elysées, ainsi que les deux portefeuilles de bureaux cédés par KanAm au Qatar également et par Eurosic à JP Morgan.
Le locatif tire son épingle du jeu
Du côté du marché locatif, là encore les grandes transactions sauvent la mise. "Le marché locatif a été dopé en deuxième partie d'année par de grandes transactions, actant un nouveau record de la plus grande transaction de l'histoire avec la concrétisation de l'opération Balard par le ministère de la Défense pour une surface totale de 135.000 m2", précise, pour sa part, le cabinet Jones Lang LaSalle dans les colonnes du quotidien Les Echos. Les déménagements d'envergure ont été salvateurs en Ile-de-France, les villes de première couronnes (Chatillon, Aubervilliers, Saint-Denis, Saint-Ouen…) ayant été davantage plébiscitées que Paris intra-muros.
Le luxe ne connaît toujours pas la crise
Deuxième facteur important : le dynamisme du luxe. "Les mouvements enregistrés en 2012 ont mis en évidence le rôle moteur joué par les enseignes de luxe", confirme le cabinet Cushman & Wakefield. Cela s'est traduit par de nombreuses ouvertures, par exemple dans le sud de la France, avec Armani à Cannes ou Hermès à Marseille, mais surtout à Paris où les grandes marques ont renforcé leur présence dans le fameux Triangle d'Or et redonner un nouveau souffle à des quartiers plus discrets comme la rue Saint-Honoré ou la rue de Sèvres. En revanche, le reste du secteur du commerce souffre de la crise et de la concurrence d'Internet.
2013 dans la même veine que 2012 ?
Côté perspectives, Cushman & Wakefield n'entrevoit pas "d'améliorations franches" de la conjoncture économique internationale et anticipe une nouvelle baisse de 10% des investissements en immobilier d'entreprise. "L'Europe surtout demeure au cœur des préoccupations et devrait le rester tout au long de l'année 2013. De fortes incertitudes pèsent notamment sur la France, où la forte hausse du chômage et une pression fiscale accrue entretiendront la défiance des investisseurs et des entreprises à l'égard d'une économie et d'un modèle soumis à de forts vents contraire", détaille Olivier Girard, le Président. Ainsi, l'année 2013 devrait suivre la tendance de l'an dernier, "confirmant en particulier la désaffection des investisseurs et des utilisateurs pour les actifs et marchés secondaires". Reste que la France et sa capitale constituent des destinations de choix pour les grands et riches investisseurs, ainsi que pour les grandes enseignes, ce qui devrait encore animer le marché - encore fragile - cette année.