Les professionnels de l'immobilier estiment, en chœur, que le marché de l'ancien tire son épingle du jeu grâce aux taux d'intérêt historiquement bas en 2013, qui l'ont maintenu "sous perfusion" ou encore "en apesanteur". Si les transactions ont été en hausse, les prix ont enregistré une baisse, même à Paris. Détails.
En ce début d'année, les bilans de l'année immobilière en France se mettent au diapason. Ce sont les taux d'intérêt historiquement bas en 2013 qui ont soutenu le marché de l'ancien ces derniers mois. Faut-il s'en réjouir ? Non, estime le réseau Century 21, qui a dévoilé ses chiffres ce lundi 6 janvier : "Le marché est tenu par ce fil extrêmement fragile que sont les taux bas, actuellement aux environs de 3%". Son confrère Guy Hoquet parle d'un marché maintenu "sous perfusion". Résultat, si les taux remontent cette année, le marché sera mis en péril, expliquent-ils.
Ainsi, en 2013, le marché a tenu le coup, malgré un contexte économique difficile, et a affiché un nombre de transactions globalement en hausse sur ces douze derniers mois, à +3.1% selon Century 21 et +4% selon le réseau Guy Hoquet. "[Les taux bas] rendent davantage d'acheteurs solvables et permettent à ceux qui le sont déjà d'augmenter leur financement", se réjouit Thierry Vimont, président de Century 21, auprès de l'AFP. Pour autant, poursuit-il, "dans un marché de pénurie, cela empêche les prix de baisser fortement".
Un marché "en apesanteur"
En effet, les prix des logements anciens affichaient une baisse l'an dernier, avec un prix moyen au m2 en repli de 1.8% selon Century 21, contre -1.6% chez Guy Hoquet. Un phénomène qui a toutefois ralenti au dernier trimestre 2013, puisque les prix y ont progressé de 1.3% selon ce réseau d'agences immobilières (500 agences sur le territoire). Pour 2014, les professionnels s'attendent à un scénario identique à celui de l'année dernière et ne croient pas à un décrochage significatif des prix dans les prochains mois. "L'année 2014 dépendra de la vitesse ou de la brutalité avec laquelle les taux vont remonter, souligne Thierry Vimont. (…) Et je m'attends plutôt pour cette année à une remontée des taux donc à une correction des prix de l'immobilier. L'inconnue est l'ampleur de la hausse des taux à 20 ans. S'ils passent de 3% à 4%, les prix baisseraient de 5% à 10%".
De son côté, le réseau Guy Hoquet constate un écart entre Paris et province qui s'accentue encore davantage, passant de 4.462 à 6.100 € en 5 ans, "coupant la France en deux marchés, celui des villes dynamiques où la demande reste forte, et celui des zones désertées par les services publics et l'emploi aux prix en baisse".
La capitale reste un cas à part, et même si les prix au mètre carré y ont baissé en 2013, de -3.9% à 8.190 € selon Century 21, il s'agit d'un "marché en trompe l'œil", rectifie Guy Hoquet, qui estime que le marché parisien est désormais tenu par les secundo-accédants "moins nombreux" mais qui achètent à des prix plus élevés.