Les cinq «immeubles Michelin», du nom de l'entreprise qui les a construits entre les deux guerres pour loger ses employés, fêtent leurs 80 ans en 2009. Cette résidence a été l'une des premières à abriter des logements à caractère social dans les Hauts-de-Seine des années 30, tout en intégrant des éléments synonymes de confort à l'intérieur des 360 habitations. L'arrière petit-fils d'André Michelin, qui est également architecte, supervise actuellement les travaux de rénovation des façades de cette résidence.
Un petit lifting en guise de cadeau d'anniversaire ? C'est ce qu'ont choisi les immeubles Michelin pour célébrer leurs 80 ans. Cet ensemble de cinq logements situé à Courbevoie (Hauts-de-Seine) a été construit en 1929 par la famille Michelin, afin d'héberger les cadres et le personnel des guides et cartes du même nom. Aujourd'hui inscrit à l'inventaire Mérimée, établi par le ministère de la Culture, qui recence le patrimoine monumental français.
Des logements lumineux
Jean Michelin, l'architecte en charge des travaux de rénovation, n'est autre que l'arrière petit-fils d'André Michelin, qui acheta pendant l'entre-deux guerres le terrain de Courbevoie afin d'y loger les employés des guides et cartes, qui travaillaient à quelques centaines de mètres de là, dans le 17e arrondissement de Paris. La résidence «Beau Soleil» est édifiée entre 1929 et 1931, et compte pas moins de 360 logements, 16.000 m² de façades. «Mon arrière grand-père voulait des immeubles innovants avec toutes les commodités possibles pour les usagers», explique Jean Michelin. «Je me souviens de ma grand-mère me racontant qu'il demandait l'avis des femmes de la famille pour ce qui est des aménagements intérieurs, et en particulier de l'agencement des cuisines et des salles de bains». Les cuisines sont assez grandes pour que l'on puisse y manger, et possèdent des garde-manger apparents en façade avec ventilations. Les toilettes comprennent également un réceptacle pour le linge salle, avec des ventilations toujours visibles sur les façades.
Les caves, refuges anti-bombardements
Ces «habitations bon marché» sont modernes pour l'époque puisqu'elles sont notamment équipées de vides ordures et d'ascenseurs, même si ceux-ci ne pouvaient alors transporter les habitants que pour monter les étages et pas encore pour les descendre. Le chauffage central est assuré par deux chaufferies de trois grandes chaudières en sous-sol, approvisionnées en charbon par des chariots sur rails. Des garages pour les motos, les vélos et les poussettes sont prévus dès l'origine dans les cours intérieures situées entre les bâtisses.
Les immeubles ont été conçus en forme de S orientés nord-sud afin de faire bénéficier les appartements d'un ensoleillement maximal. Chaque bâtiment possède des caves, qui seront d'ailleurs un point de refuge pendant la seconde guerre mondiale. Le quartier sera en effet la cible des bombardements, car il concentre plusieurs usines dont une de Berliet.
Protéger les briques
Le précédent ravalement de la résidence avait été réalisé entre 1979 et 1983. Cette fois, une attention particulière a été dévouée à la préservation de son aspect original, notamment les 6.000 m² de briques apparentes détériorées par le ruissellement des eaux de pluie. Au programme : nettoyage, réparation et imperméabilisation des façades en briques, ainsi que la remise en état des huisseries et ferronneries. Pour protéger les briques des eaux de pluie, la société Marteau, qui réalise les travaux, a posé des baguettes de zinc sur les corniches et bandeaux, et ainsi éviter les coulées d'eau. Les travaux, d'un montant de 1,7 million d'euros, s'achèveront en juillet.
Courbevoie, 1929
Le terrain avant la construction par Michelin de la résidence Beau Soleil.
Chantier
Résidence Beau Soleil
Plan de masse
Les immeubles, en forme de S, sont placés de manière à ce que les appartements soient traversés par la lumière.
Les immeubles Michelin, en 1930
Bombardements
Le quartier dans lequel se situe la résidence a été bombardé plusieurs fois au cours de la Seconde guerre mondiale, en raison de la présence de plusieurs usines dans les rues voisines. Les caves des immeubles Michelin ont alors servi de refuge aux riverains.
2009
Remplacement des fenêtres
Les fenêtres sont remplacées par des modèles quasi identiques, afin de préserver l'aspect d'origne des bâtiments.
Cour intérieure
Palier
Grille
Façade
16.000 m2 de façades sont actuellement en rénovation.