La petite île située au large du la pointe du Raz (Finistère) a inauguré son éclairage public 100 % LED. Il est destiné à réduire la consommation énergétique de la communauté, non raccordée au réseau électrique national, et donc dépendante de groupes électrogènes alimentés au fioul.
Les îles sont des zones privilégiées pour déployer de nouvelles solutions d'économie d'énergie, du fait de leur autonomie énergétique forcée. Dernière initiative en date, celle de la municipalité de l'île de Sein, qui a lancé divers projets de transition depuis 2004, et qui vient d'inaugurer son nouvel éclairage public 100 % LED. Un dispositif à diodes censé éclairer mieux tout en consommant six fois moins. Il est "très, très économe", précise Dominique Salvert, le maire de Sein. L'objectif : permettre une économie annuelle de 16.000 litres de fioul, sur les 420.000 à 450.000 nécessaires pour couvrir les besoins électriques de l'île, dépendante de deux groupes électrogènes situés au phare. Une énergie "sale" qui rejette plus de 1.200 tonnes de CO2 dans l'atmosphère.
Une île autonome énergétiquement en 2030
Le système, testé pendant l'hiver 2014 puis déployé au printemps suivant, permet de moduler à distance, et en fonction des besoins, la puissance d'éclairage des 88 points lumineux de l'île de 0,58 km². Il vient remplacer l'éclairage traditionnel, vieux d'une trentaine d'années, qui avait souffert des tempêtes. La mairie vante également une qualité de lumière différente, plus chaude et plus agréable, qui mettrait davantage le patrimoine architectural insulaire en valeur, tout en s'intégrant mieux au paysage. "C'est une étape importante qui s'inscrit dans le cadre de nos projets sur la transition énergétique", déclare l'édile.
D'autres mesures ont été prises, afin de rendre l'île plus vertueuse, moins émettrice de CO2 et plus autonome vis-à-vis de son approvisionnement. En 2007-2008, des ampoules basse consommation avaient été distribuées gratuitement, opération qui avait été renouvelée en 2014, avec des ampoules LEDs, à raison de trois par foyer sénan. Pour l'électroménager, la mairie a choisi d'aider financièrement à l'achat de réfrigérateurs/congélateurs classe "A++". L'isolation des maisons est encouragée dans le cadre d'un programme d'intérêt général spécifique tandis que l'installation de panneaux photovoltaïques sur les toitures des bâtiments communaux est prévue. Enfin, l'exploitation de deux éoliennes et d'une hydrolienne est également envisagée, au titre de la complémentarité des approvisionnements. "On parviendrait à 100 % d'énergies renouvelables sur l'île", assure Dominique Salvert, qui vise l'autonomie énergétique à l'horizon de 2030.
Un cautère sur une jambe de bois ?
Ces mesures ne satisfont cependant pas tout le monde. L'association des Amis de la transition énergétique de l'île de Sein (Atreis), défend un autre projet pour le territoire. Jos Milliner, le président, explique à l'AFP : "Prétendre qu'on peut lutter contre le réchauffement climatique par des économies sur l'éclairage, c'est fallacieux. La part de l'éclairage dans la consommation actuelle d'électricité à l'île de Sein est d'à peine 2 %, c'est une économie infinitésimale", déplore-t-il. L'économie avancée par la municipalité est pourtant de l'ordre du double (3,8 %), et doit permettre de limiter les surconsommations en hiver, auxquelles les deux groupes électrogènes risquent de ne pas pouvoir faire face. L'Atreis milite pour une gestion citoyenne du réseau électrique insulaire alors que l'Etat a validé, au mois d'avril 2015, le maintien du monopole d'EDF sur la fourniture de courant dans les îles françaises comptant moins de 2.000 âmes.