Naoshima n'est qu'un point minuscule sur les cartes mais cette île du Japon s'est taillé une réputation mondiale dans l'art contemporain depuis l'établissement d'un musée-hôtel voulu par un entrepreneur illuminé et conçu par l'architecte Tadao Ando.
Au milieu d'un parc naturel, à une heure de ferry de Takamatsu (sud-ouest), le client-visiteur est mis en contact permanent avec les oeuvres de créateurs aussi célèbres que Bruce Nauman, César, Frank Stella ou Jackson Pollock.Soichiro Fukutake, 57 ans, patron de la maison d'édition Benesse qui a son siège dans la région, "voulait un endroit à l'atmosphère détendue mais où le visiteur reste une ou deux nuits et reçoit une stimulation de l'art et l'achitecture", explique Kumiko Ehara, une des responsables du musée.
La Benesse House ne compte que 16 chambres (au tarif minimum de 7.600 yens par personne, soit 54 euros, si l'on partage une chambre à trois), toutes décorées par un artiste différent, dont 6 dans l'Annexe (ajoutée en 1995) située au-dessus du corps principal du musée et à laquelle on accède par un funiculaire, qui zigzague en frôlant mimosas, pins et azalées.
"Les deux premières années de 1992 à 1994, nous organisions des expositions temporaires (en plus de la collection permanente) mais nous avons changé de politique: nous invitons les artistes sur Naoshima en leur demandant de réaliser des oeuvres pour nous", souligne Mme Ehara.
Des célébrités comme le Grec Jannis Kounellis ont répondu à l'appel: il a créé une sculpture verticale de rouleaux de plomb enrobant des objets quotidiens nippons (poteries, kimonos). Un autre illustre invité a été le Chinois Cai Guo-Qiang qui a dressé des menhirs aux formes étranges autour d'un jacuzzi installé sur la plage.
Même si Mme Ehara affirme que le musée-hôtel de Naoshima "est bon pour l'image de Benesse", elle reconnaît que sa gestion n'est pas très rentable et qu'il pourrait être un jour cédé à M. Fukutake ou à une fondation.
M. Fukutake n'en paraît pas préoccupé et continue d'assouvir sa passion de l'art moderne en tentant d'impliquer les 3.600 habitants de Naoshima dans ses projets ainsi que le géant minier Mitsubishi Materials qui raffine le cuivre à l'autre bout de l'île et fait vivre une bonne partie des résidents.
Pour le 10e anniversaire du musée, Benesse a organisé une exposition sur l'île, utilisant comme galeries l'ancien salon de coiffure de Mitsubishi, l'ancienne ferme fournissant le lait aux ouvriers et l'ancien hôpital.
Plus récemment, M. Fukutake a débusqué trois vieilles maisons en bois et un temple qui s'écroulaient dans le bourg de Honmura et les a mis à disposition d'artistes dans le cadre de l'opération "Art House".
Tadao Ando et James Turrell se sont associés sur le projet "Minami-dera": Ando a créé un immense hangar en bois bruni au charbon, stylisant les formes d'une maison japonaise dans lequel Turrell a inséré un de ses "tableaux" déroutants qui se découvrent après dix minutes passées à scruter l'obscurité.
Mais l'oeuvre la plus surprenante est le sanctuaire shintoïste de Go'o, réalisé fin 2002 par l'artiste-photographe Hiroshi Sugimoto. Un autel très dépouillé se dresse en haut d'un escalier en verre optique, qui émerge du fond d'une crypte que l'on peut visiter.
Avec ces quatre oeuvres, "nous voulions un nouveau projet artistique unique. Le défi était d'associer le village car cet art situé hors du musée a une forte relation avec les riverains. Le sanctuaire dessiné par Sugimoto est encore un temple où les gens viennent prier même s'ils se plaignent un peu de ne pas pouvoir s'incliner juste devant l'autel", note Mme Ehara.
Maintenant que cette opération est terminée, on pouvait penser que M. Fukutake allait s'en tenir là mais il n'en est rien. Il a commandé un autre musée complètement souterrain à son ami Ando, qui dominera la mer sur une colline voisine de la Benesse House.
Appelé Chichu, il abritera en juillet 2004 des installations de James Turrell et son compatriote américain Walter de Maria et cinq rares tableaux avant-gardistes de Claude Monet, propriétés de la famille Fukutake.
La Benesse House ne compte que 16 chambres (au tarif minimum de 7.600 yens par personne, soit 54 euros, si l'on partage une chambre à trois), toutes décorées par un artiste différent, dont 6 dans l'Annexe (ajoutée en 1995) située au-dessus du corps principal du musée et à laquelle on accède par un funiculaire, qui zigzague en frôlant mimosas, pins et azalées.
"Les deux premières années de 1992 à 1994, nous organisions des expositions temporaires (en plus de la collection permanente) mais nous avons changé de politique: nous invitons les artistes sur Naoshima en leur demandant de réaliser des oeuvres pour nous", souligne Mme Ehara.
Des célébrités comme le Grec Jannis Kounellis ont répondu à l'appel: il a créé une sculpture verticale de rouleaux de plomb enrobant des objets quotidiens nippons (poteries, kimonos). Un autre illustre invité a été le Chinois Cai Guo-Qiang qui a dressé des menhirs aux formes étranges autour d'un jacuzzi installé sur la plage.
Même si Mme Ehara affirme que le musée-hôtel de Naoshima "est bon pour l'image de Benesse", elle reconnaît que sa gestion n'est pas très rentable et qu'il pourrait être un jour cédé à M. Fukutake ou à une fondation.
M. Fukutake n'en paraît pas préoccupé et continue d'assouvir sa passion de l'art moderne en tentant d'impliquer les 3.600 habitants de Naoshima dans ses projets ainsi que le géant minier Mitsubishi Materials qui raffine le cuivre à l'autre bout de l'île et fait vivre une bonne partie des résidents.
Pour le 10e anniversaire du musée, Benesse a organisé une exposition sur l'île, utilisant comme galeries l'ancien salon de coiffure de Mitsubishi, l'ancienne ferme fournissant le lait aux ouvriers et l'ancien hôpital.
Plus récemment, M. Fukutake a débusqué trois vieilles maisons en bois et un temple qui s'écroulaient dans le bourg de Honmura et les a mis à disposition d'artistes dans le cadre de l'opération "Art House".
Tadao Ando et James Turrell se sont associés sur le projet "Minami-dera": Ando a créé un immense hangar en bois bruni au charbon, stylisant les formes d'une maison japonaise dans lequel Turrell a inséré un de ses "tableaux" déroutants qui se découvrent après dix minutes passées à scruter l'obscurité.
Mais l'oeuvre la plus surprenante est le sanctuaire shintoïste de Go'o, réalisé fin 2002 par l'artiste-photographe Hiroshi Sugimoto. Un autel très dépouillé se dresse en haut d'un escalier en verre optique, qui émerge du fond d'une crypte que l'on peut visiter.
Avec ces quatre oeuvres, "nous voulions un nouveau projet artistique unique. Le défi était d'associer le village car cet art situé hors du musée a une forte relation avec les riverains. Le sanctuaire dessiné par Sugimoto est encore un temple où les gens viennent prier même s'ils se plaignent un peu de ne pas pouvoir s'incliner juste devant l'autel", note Mme Ehara.
Maintenant que cette opération est terminée, on pouvait penser que M. Fukutake allait s'en tenir là mais il n'en est rien. Il a commandé un autre musée complètement souterrain à son ami Ando, qui dominera la mer sur une colline voisine de la Benesse House.
Appelé Chichu, il abritera en juillet 2004 des installations de James Turrell et son compatriote américain Walter de Maria et cinq rares tableaux avant-gardistes de Claude Monet, propriétés de la famille Fukutake.