HYGIÈNE. L'OPPBTP a révélé début septembre 2024 les résultats de son enquête sur la prise en compte des enjeux de l'hygiène sur les chantiers du BTP. Ils laissent à voir des entreprises intéressées par le sujet, malgré des pratiques encore imparfaites.

La crise sanitaire du Covid-19 avec tous les impacts que nous lui connaissons, aura au moins permis de remettre sur la table les enjeux d'hygiènes et de pratiques sanitaires. Mais quatre ans après, où en sont les chantiers du BTP ? L'Organisme professionnel de prévention du BTP (OPPBTP) est revenu début septembre 2024 sur les résultats de sa campagne de promotion de l'hygiène, menée du 9 octobre et 20 novembre 2023 sur de nombreux chantiers.

 

L'occasion pour la structure de réaliser un diagnostic terrain des pratiques des acteurs du BTP, en se penchant sur cinq enjeux centraux de l'hygiène : l'accès à l'eau, aux toilettes, les vêtements de protection, les conditions de prise de pauses et enfin celles de repas.

 

Un bilan global mitigé

 

Le bilan global du diagnostic réalisé par l'OPPBTP est plutôt bon. En effet, une grande majorité des salariés interrogés se disent satisfaits de la situation sur les chantiers (71%). Cependant, de nombreuses entreprises sont encore à la traîne. 11% d'entre elles ont ainsi déclaré ne rien mettre en place sur leurs opérations. Un chiffre qui monte à 20% pour les TPE. De plus, 12% des chefs d'entreprise reconnaissent ne pas avoir gardé les pratiques sanitaires mises en place pendant la période covid.

 

Si les acteurs du secteur sont intéressés par les enjeux de l'hygiène, il est encore difficile pour les entreprises de sauter le pas et de changer leurs pratiques. Suite à sa campagne, l'OPPBTP a ainsi évalué que seulement 34% des sociétés touchées avaient mis en place des éléments concrets sur leurs chantiers. De plus, les ressources dédiées mise en avant par l'organisme n'ont été que peu consultées.

 

Améliorer la gestion de l'eau sur les chantiers

 

D'après le diagnostic réalisé par l'OPPBTP, la bonne gestion de l'eau n'est pas encore totalement acquise sur les chantiers. En effet, si la quasi-totalité des interrogés disent disposer d'un point d'eau, plus d'un quart affirment "recourir au système D, c'est-à-dire utiliser de l'eau en jerrican ou de l'eau du système public, voire, pas d'eau du tout", constate l'OPPBTP.

 

De plus, une grande partie de chantiers de disposent pas de douche (44%), alors même que leurs salariés sont exposés à des polluants. Et sur les chantiers qui en ont, 1 douche sur 3 est non-entretenue voire non-utilisable.

 

Des locaux inadaptés, insuffisamment entretenus

 

Le travail de l'OPPBTP a permis de constater que les locaux présents sur les chantiers étaient encore trop souvent inadaptés et pas assez nettoyés. 46% d'entre eux sont ainsi insuffisamment entretenus, ce qui nécessite d'augmenter la fréquence des nettoyages.

 

Les locaux ne répondent également pas toujours aux besoins des employés en termes de pause repas. En effet, entre 15% et 29% des repas des employés sont pris dans les véhicules. Ces chiffres sont particulièrement élevés pour les chantiers courts (47%) ou dans les activités de travaux publics (33%). Il est donc nécessaire d'améliorer la mise à disposition d'espaces dédiés, adaptés à la pause repas.

 

L'entretien des équipements trop souvent réalisé à la maison

 

L'entretien des équipements est encore trop souvent confié aux employés, qui s'en chargent depuis chez eux, alors mêmes qu'ils peuvent avoir été exposés à des polluants. Ainsi, "dans deux tiers des cas, les vêtements de protection sont lavés à la maison", souligne l'OPPBTP, ce qui augmente le risque de contamination de l'entourage familial. Il faudrait donc organiser autrement l'entretien des équipements.

 

"Une meilleure planification de la conception des bases vie, qui intègrerait l'hygiène dès le début des travaux, assurerait des installations en place et fonctionnelles dès le démarrage", conclut ainsi l'OPPBTP.

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