Le label HS2, pour Haute Sécurité Santé, entend favoriser le maintien des seniors à leur domicile ou dans des logements neufs ou rénovés qui soient adaptés. Un logement adapté permettrait de rester au minium 3 à 6 ans de plus à son domicile. Précisions.
Après les labels pour la qualité environnementale des logements, une nouvelle certification a fait son apparition depuis janvier 2016. Cette fois-ci, il s'agit d'un label qui s'attache à la sécurité et la santé dans les logements. Baptisé HS2 (pour Haute Sécurité Santé), il vise à aider au maintien à domicile des personnes fragilisées ou à leur accueil dans des logements neufs ou rénovés. Un enjeu essentiel lorsque l'on sait que les plus de 60 ans seront plus de 20 millions d'ici à 2030 et que moins de 1 Français sur 10 s'estime être en capacité d'assister financièrement un parent dépendant, selon une étude réalisée par OpinionWay pour Apave. En effet, "malgré les efforts de la collectivité qui investit 21 milliards d'euros par an dans la perte d'autonomie, plus de 7 milliards d'euros restent à la charge des familles concernées, le plus souvent pour régler des dépenses d'hébergement", rappelle Ghislaine Alajouanine, présidente de l'association pour la démarche HS2. Cette dernière a d'ailleurs travaillé à la conception de ce label dont la labellisation a été confiée à l'organisme Apave certification.
A la différence d'autres labels, cette démarche "évalue la personne dans son tout son environnement", nous confie Jean-Marc Vionnet, Directeur d'Apave Certification. Ainsi, HS2 prend en compte la qualité du logement, le matériel proposé, la sécurité des locaux mais aussi la proximité de certains services tels que les commerces, les établissements culturels ou de santé. Cette certification peut concerner de nombreux acteurs qui veulent adapter un logement existant ou en construire un autre, en proposant une meilleure adaptation aux seniors. Cela peut donc intéresser aussi bien les particuliers, qui souhaiteraient valoriser leur bien, que les bailleurs sociaux et privés ou les porteurs de projets immobiliers (logements sociaux ou privés, logement prestataire de services, hôtellerie, …). Les collectivités locales peuvent également avoir un intérêt à obtenir cette certification. "Ce label répond au développement des besoins de santé, de sécurité et de solidarité dans le logement", explique Ghislaine Alajouanine, ajoutant que cela "va répondre au besoin de bien vieillir chez soi et en sécurité". Mais elle avance surtout l'argument financier : "Augmenter de 5 années supplémentaires le maintien à domicile d'une personne âgée, versus son placement en maison de retraite, permettrait l'économie de 300.000€ !".
De 6 à 12.000 euros pour adapter son logement
Cette nouvelle démarche concerne donc des travaux d'aménagement comme par exemple l'adaptation de la cuisine (en fonction de la hauteur d'un fauteuil roulant) ou de la salle de bains (douche adaptée, barre de maintien), ou encore un balisage lumineux pour éviter les chutes la nuit. Il peut également s'agir de l'installation d'une part d'équipements connectés. Par exemple : des détecteurs de chute intégrés dans le sol, des équipements automatisés (volet roulant...), ou encore des dispositifs médicaux connectés à une plateforme de télémédecine.
HS2 s'appuie sur une grille de 200 critères et la certification s'assure que les travaux d'aménagement ou les nouveaux logements ainsi que les services connectés répondent aux exigences du référentiel "pour permettre aux personnes âgées de vivre chez elles le plus longtemps possible et dans les meilleures conditions possibles", explique Gislaine Alajouanine. "Mais ce label est tout à fait adapté à des logements pour les personnes à mobilité réduite", complète, Jean-Marc Vionnet.
Selon l'organisme de certification, les travaux d'investissement pour mener les travaux, nécessaires au nouveau référentiel, varient entre 6.000 et 12.000 €. Et ils permettraient aux personnes âgées de rester au minimum entre 3 et 6 ans supplémentaires dans leur logement, soit un coût nettement inférieur à celui d'une maison de retraite pour personnes dépendantes, note l'Apave.
Le label est progressif et permet de viser quatre niveaux d'intensité (de minimal à optimal). Le niveau de labellisation des produits, des services et des lieux se concrétise alors par l'obtention de 1 à 4 macarons. Régulièrement les prestataires de services comme les collectivités locales auront un audit de surveillance tous les deux ans. "Cela permettra de voir s'ils gardent ou non le label, et s'ils gagnent ou perdent des macarons", précise le Directeur d'Apave Certification. Enfin, pour obtenir ce label, il faut compter environ 500 euros par demi-journée d'évaluation. Expérimenté à travers une résidence pour seniors en Guadeloupe, le label est désormais accessible à tous et "déjà des résidences et bailleurs nous montrent leur intérêt", conclut Jean-Marc Vionnet.
Les personnes de 60 ans ou plus passeront de 15 millions, aujourd'hui, à 18,9 millions en 2025 et près de 24 millions en 2060 (INSEE). Le nombre des personnes de plus de 85 ans va presque quadrupler d'ici 2050, passant de 1,4 million aujourd'hui à 4,8 millions. En 2060, une personne sur trois aura plus de 60 ans.
77% des Français souhaitent vieillir chez eux (source : Etude OCIRP, France Info, Le Monde, 2016)
6% des logements sont adaptés à la perte d'autonomie (Anah 2013)