Le terme déconstruction prend tout son sens à Tokyo sur le chantier de démolition de la tour Grand Prince Hôtel signée Kenzo Tange et Kajima Design. L'immeuble de 140 mètres de haut, qui datait des années 1980 disparaît en effet peu à peu, grâce à une nouvelle méthode reposant sur l'utilisation de vérins et d'une plateforme externe enchâssée.
Comment démolir une tour hôtelière de 40 étages située en plein Tokyo sans recourir aux explosifs et sans générer de nuisances ? L'entreprise Taisei a trouvé la réponse : la méthode Tecorep, pour "Taisei Ecological Reproduction System", conçue comme une usine de démontage par le haut du bâtiment. La technique consiste en fait à conserver le toit du bâtiment intact en le soutenant par des colonnes temporaires. Les ouvriers dégagent les éléments non structurels puis détruisent les poutres et planchers en béton, la structure restant debout grâce à des vérins hydrauliques reposant sur l'étage inférieur.
Une coiffe externe
Une structure externe sert de capuchon tout autour des derniers étages qui sont peu à peu démolis. Elle est ensuite descendue au fur et à mesure de l'avancée du chantier. L'avantage est expliqué à l'AFP par Hideki Ichihara, ingénieur chez Taisei : "Ce 'chapeau' bénéficie à tout le monde. En travaillant en espace clos, le bruit extérieur est réduit de 17 à 223 décibels, tandis que la poussière a diminué de 90 %. Qui plus est, ce système est plus sûr pour les ouvrier que de travailler à l'air libre". La tour est donc grignotée peu à peu, perdant 3,2 mètres tous les 5 jours.
La méthode, utilisée pour la deuxième fois, pourrait être appliquée sur de nombreux chantiers : l'archipel nippon compte en effet 800 tours de plus de 100 mètres dont une centaine sera frappée d'obsolescence dans les 10 ans (immeubles atteignant les 40 ans d'âge). Le Grand Prince Hôtel de son côté sera remplacé par une nouvelle tour hôtelière et un complexe d'affaires qui seront bâtis par l'actuel propriétaire, la société Seibu.