PATRIMOINE. Depuis le 27 avril, les Lyonnais se réapproprient l'Hôtel Dieu de Lyon. Commerces et bureaux ont commencé à s'implanter dans ce monument historique. Ici, la rénovation a permis la rencontre de l'histoire et de la modernité. Pour preuve, la création d'une grande verrière de 1.050 m2 de surface vitrée côtoyant les façades existantes. Découverte.
"Notre objectif était de rendre l'hôpital aux Lyonnais", le défi d'Albert Constantin, du cabinet d'architectes AIA Life Designers, prend toute son essence dans cette phrase.
L'ambition du projet de reconversion de l'Hôtel Dieu de la capitale des Gaules présentée par l'équipe lauréate ne fait pas de doute : les habitants doivent retrouver leur Hôtel Dieu. Ils sont pour cela invités à circuler et cheminer allégrement dans les cours et jardins du site. Si les commerces ont toujours fait partie du lieu, ils ont aujourd'hui rejailli rue Bellecordière et ont une place de choix dans la cour du Midi, celle-là même qui accueille une verrière emblématique de 1.050 m2 de surface vitrée.
De la morgue à l'espace commercial
Ouvertes depuis le 27 avril, les boutiques de cet espace bénéficient du puits de lumière de cette immense voile de soie rigidifiée aux 306 panneaux de verre feuilleté, tous différents les uns des autres. Un résultat alliant grandeur et sobriété. Pourtant, cette ancienne cour qui abritait la morgue, "n'était pas des plus joyeuses", glisse Albert Constantin. Démolition, extension, restructuration… ce sont pas moins de 11 projets qui ont été présentés pour repenser cette surface de manière à lui redonner vie. Si dans un premier temps l'agence avait imaginé un quatrième dôme faisant écho aux trois autres, elle fut rattrapée par la réalité économique. "Le projet était trop onéreux. Après avoir réfléchi à des formes abstraites et complexes, nous avons opté pour une verrière avec une double courbure qui répond aux effets du vent et aux exigences liées aux niveaux des façades", raconte Pierre Chassagne, ingénieur structure chez AIA Ingénierie.
Un sous-sol creusé pour une cour sur un double niveau
Posée simplement sur 6 poteaux métalliques circulaires de 50 cm de diamètre et d'une hauteur moyenne de 14m50, cette création offre de la transparence et de la luminosité permettant une déambulation agréable. Afin de dégager davantage d'espaces pour les commerces, un sous-sol a été creusé développant une cour sur un double niveau.
Une prouesse technique
C'est donc une véritable prouesse que l'agence d'architecture et les entreprises associées ont su relever. Et ce grâce à un travail minutieux et pointu : "Nous avons créé des inerties variables, travaillé sur la récupération des eaux de pluie, etc.", explique Pierre Chassagne. Et d'ajouter : "Afin d'assurer la gestion de l'eau, nous avons également dû vérifier toutes les pentes de verres pour obtenir des pentes de 2 mm de partout".
Ventilation naturelle
A cela s'est ajoutée une étude thermodynamique pour éviter les courants d'air et les effets de chauffe. Sans oublier la sérigraphie du verre qui joue un rôle de protection solaire. "Nous avons détaché le principe structurel pour profiter d'une ventilation naturelle. Sans contact avec les corniches des bâtiments existants, la verrière offre un vide de 40 cm au droit des corniches", complète l'ingénieur. D'un budget de 2 millions d'euros, les différents éléments de la verrière ont été préfabriqués en atelier.
Un projet finalisé en 2019
Désormais, cet espace baptisé "Cour du Midi" représente un point d'entrée incontournable dans l'Hôtel Dieu. Il participe pleinement au début de la métamorphose du monument, en attendant sa pleine mutation programmée pour 2019 avec l'ouverture de la cité de la gastronomie. Une mise en bouche en quelque sorte.
Fiche technique
Maître d'ouvrage : Eiffage Immobilier associé à Générim
Maître d'œuvre : AIA Life Designers - et RL&A (Didier Repellin architecte en chef des Monuments historiques)
Début du chantier : 10 janvier 2015
Fin de la première phase : fin 2017
Fin du chantier : fin 2018
Coût des travaux : environ 180 millions d'euros HT
Maître d'œuvre : AIA Life Designers - et RL&A (Didier Repellin architecte en chef des Monuments historiques)
Début du chantier : 10 janvier 2015
Fin de la première phase : fin 2017
Fin du chantier : fin 2018
Coût des travaux : environ 180 millions d'euros HT
Vue du dessus de la verrière
La verrière en chiffres...
1.050 m2 de surface vitrée
306 panneaux de verre feuilleté de 1 à 4,6 m2
260 tonnes d'acier
6 poteaux métalliques
1.050 m2 de surface vitrée
306 panneaux de verre feuilleté de 1 à 4,6 m2
260 tonnes d'acier
6 poteaux métalliques
une verrière emblématique
Les verres sont de forme triangulaire pour faciliter les formes libres...