PATRIMOINE/RECONVERSION. Versailles, son château, son faste… La reconversion de l'ancien hôpital royal Richaud s'inscrit dans cette continuité, mais se veut aussi aujourd'hui un modèle d'exemplarité en matière de réhabilitation de patrimoine. Mené par l'investisseur privé Ogic et porté par l'architecte Jean-Michel Wilmotte, associé aux architectes en chef des Monuments historiques de l'agence 2BDM, ce programme a relevé le défi de marier ancien et moderne.
"La reconversion pose le problème de ce qu'on peut faire quand le bâtiment public devient privé", déclare d'emblée Frédéric Didier, co-architecte en chef des Monuments Historiques, en préambule à la visite du chantier de l'hôpital Richaud de Versailles (Yvelines), ce jeudi 20 juin. Car, la réhabilitation de cet ancien bâtiment royal, édifié au 18e siècle par l'architecte Charles-François d'Arnaudin, ne s'est pas faite sans embûche.
Il faut ainsi rappeler que l'hôpital, en service jusqu'en 1997 dans la ville de Versailles, a été laissé à l'abandon par la suite, subissant vandalisme et autres incendies qui ont fait de ce site une ruine. A l'époque encore propriété de l'Etat, le maire de la ville, François de Mazières (ex Président de la Cité de l'Architecture et du Patrimoine) décide d'exercer son droit de propriété et rachète donc l'hôpital pour le vendre à un investisseur privé, le groupe Ogic. Objectif : transformer le site en un complexe immobilier de qualité. Ogic fait ainsi appel à l'architecte Jean-Michel Wilmotte, et aux architectes en chef des Monuments Historiques de l'agence 2BDM, Frédéric Didier et Christophe Batard.
Créer un nouvel espace de vie
L'idée de François de Mazières est de rouvrir les passages historiques vers le centre ville, et surtout de créer un nouvel espace de vie pour les Versaillais. Il décide alors que le programme doit être mixte, avec des logements de qualité, dont certains à caractère social, des locaux avec une mission de service public - d'où une crèche de 62 berceaux qui devrait ouvrir d'ici à la fin de l'année - et également des commerces pour créer une dynamique économique à l'ensemble. "Nous voulions avoir une sorte de démonstration qui marie autant de fonctionnalités dans un patrimoine contraint", explique-t-il. "Ici, c'est le neuf qui a sauvé l'ancien !", se félicite Frédéric Didier.
Une rénovation minutieuse
Pour réussir ce pari, rien n'a été laissé au hasard. La rénovation a été minutieuse et soignée, entre la transformation nécessaire des volumes et des espaces et la conservation de pièces incontournables du site tels que la chapelle (qui deviendra un centre culturel municipal) ou les grands escaliers situés dans chacune des ailes de l'hôpital. Les façades ont été restaurées selon la dégradation plus ou moins avancée de la pierre de taille, les sculptures abîmées ont été reconstituées, les menuiseries ont fait l'objet d'un soin particulier, la toiture a été refaite à neuf, exceptée celle du dôme de la chapelle qui a été reprise ponctuellement. Les nombreuses charpentes en bois ont été renouvelées, certains planchers entièrement démolis puis reconstruits. Enfin, un "faux jardin à la française", dixit Jean-Michel Wilmotte, a été complètement inventé par le paysagiste François Neveu.
Lire la suite de l'article en page 2
Vue d'ensemble
Un chantier exemplaire sur le plan du patrimoine
Evoluer dans un bâtiment fortement segmenté par les nombreuses cloisons et séparations de volumes a été une des principales contraintes rencontrées par l'architecte. Des murs porteurs ont ainsi été totalement abattus. "Il a aussi fallu apprendre à gérer les hauteurs de plafonds, mais le luxe de ce projet, c'est l'espace qu'il offrait !", nous confie Jean-Michel Wilmotte. Qui s'est interdit tout "façadisme" comme il dit, afin de ne pas dénaturer l'aspect du bâtiment et obstruer les vues, mais qui a aussi dû batailler avec le promoteur pour qu'il accepte de perdre de l'espace ! Pas facile quand le moindre mètre carré se révèle si précieux… Surtout, apporter de la modernité à un ensemble patrimonial aussi fort a été le vrai pari relevé par l'architecte, qui conclut : "Le patrimoine français sera sauvé par le privé si on lui donne les moyens de le faire". A bon entendeur…
Evoluer dans un bâtiment fortement segmenté par les nombreuses cloisons et séparations de volumes a été une des principales contraintes rencontrées par l'architecte. Des murs porteurs ont ainsi été totalement abattus. "Il a aussi fallu apprendre à gérer les hauteurs de plafonds, mais le luxe de ce projet, c'est l'espace qu'il offrait !", nous confie Jean-Michel Wilmotte. Qui s'est interdit tout "façadisme" comme il dit, afin de ne pas dénaturer l'aspect du bâtiment et obstruer les vues, mais qui a aussi dû batailler avec le promoteur pour qu'il accepte de perdre de l'espace ! Pas facile quand le moindre mètre carré se révèle si précieux… Surtout, apporter de la modernité à un ensemble patrimonial aussi fort a été le vrai pari relevé par l'architecte, qui conclut : "Le patrimoine français sera sauvé par le privé si on lui donne les moyens de le faire". A bon entendeur…
Chapelle
La chapelle située au centre du bâtiment qui relie les deux ailes de l'ancien hôpital abritera, d'ici à quelques mois, un centre culturel municipal.
Vue de la chapelle
Elle est encore en phase de restauration, mais le travail a été long d'autant qu'elle a subi de nombreux actes de vandalisme : destruction de garde-corps, tags sur les colonnes...
Sous la coupole
La coupole de la chapelle est largement inspirée de celle du Panthéon de Rome. Elle fait partie des trois chapelles historiques de Versailles.
Résidence étudiante
82 logements à caractère social sont destinés principalement à des étudiants. Ils devraient être livrés d'ici à la fin de l'année.
Logements neufs BBC
A côté de la résidence étudiante, le programme des Allées de Richaud est un ensemble de logements neufs labellisés BBC.
Logements BBC - avant
Le chantier est en cours...
Parkings
Sous les logements neufs, un parking en sous-sol.
Intérieur appartement neuf
Conçu par Jean-Michel Wilmotte, les appartements profitent d'un maximum de confort dans un maximum de modernité.
Façade pierre de taille
La pierre de taille a été préservée sur l'ensemble des bâtiments.
650 menuiseries agrémentent les bâtiments, chacune pesant 400 kg !
650 menuiseries agrémentent les bâtiments, chacune pesant 400 kg !
"Même si certaines auraient pu être restaurées, l'aménagement de logements rendait tout à fait incompatible le maintien de l'existant. En effet, les appartements doivent répondre à des normes de confort à la fois thermiques et acoustiques que ne peuvent respecter des ouvrages anciens. Le projet prévoyait cependant de maintenir certaines menuiseries dans les espaces où de telles contraintes ne sont pas impératives, comme l'avant-corps central de la chapelle, les cages d'escalier monumentales Est et Ouest et certaines circulations communes.
Les autres menuiseries existantes ont été remplacées par des menuiseries d'aspect similaires qui bénéficient de performances acoustiques et thermiques respectant les règlements en vigueur."
Extérieur appartement "Patrimoine"
Des logements haut de gamme prennent place dans cette aile située à droite de la chapelle. Grande hauteur sous plafond, prestations de qualité, le grand luxe signé Jean-Michel Wilmotte.
Appartement "Patrimoine"
Un salon modèle.
Appartement "Patrimoine"
Certains appartements pourront profiter d'une mezzanine.
Cuisine "Patrimoine"
L'ouverture vers les jardins a été une donnée essentielle dans ce programme.
Suite parentale "Patrimoine"
Terrasse "Patrimoine"
L'espace vert, toujours au centre de cette réhabilitation.
Jardins
10.000 m2 de "faux jardin à la française" ont été conçus par le paysagiste François Neveu, qui a l'habitude de travailler avec le cabinet Wilmotte.
Jardins
Cet espace sera ouvert au public et aux habitants de Versailles, via des allées transversales qui relient toutes les parties du site.
Grand escalier central
Deux grands escaliers en bois agrémentent chacune des deux ailes du bâtiment historique. Ils seront restaurés dans les règles de l'art.
Combles
Le bois est largement présent dans ce bâtiment. Parfois conservé, parfois remplacé, il apporte dans tous les cas un charme intemporel au bâtiment.
Dans le carré historique
-67 logements (43 en accession, 24 en investissement), du studio au 7 pièces (37 à 240 m2), avec des hauteurs de plafond jusqu'à 5 mètres
-1 crèche de 62 berceaux
-Des locaux pour professions libérales
-Prix de vente moyen : 8.800 €/m2 hors parking
-79% des acquéreurs de ces logements sont Versaillais. Ils représentent 65% des acquéreurs de l'ensemble du projet de réhabilitation
-10.000 m2 de jardins ouverts au public
-Les Allées Foch et les Allées Richaud sont situées aux abords du bâtiment historique en forme de H
-Les logements répondent aux dernières exigences environnementales et bénéficient du label BBC
-176 appartements, du studio au 4 pièces (19 à 89 m2) - 82 logements sociaux réservés aux étudiants
-Prix de vente moyen : 7.500 €/m2