PATRIMOINE. L'Opéra Bastille décroche le label "Architecture contemporaine remarquable". Ce site culturel parisien incontournable, vieux de 35 ans, doit bénéficier de travaux à l'horizon 2030.

Trente-cinq ans après son inauguration et à la veille des Journées nationales de l'architecture, l'Opéra Bastille, dans le XIIe arrondissement de Paris, a reçu le label "Architecture contemporaine remarquable". Ce bâtiment est l'un des sites culturels les plus iconiques de la capitale, avec sa façade en granit, verre et inox au motif carré et son mur rideau convexe reflétant la ville.

 

Il fait partie des "1.750 lieux qui bénéficient de cette distinction", indique la ministre de la Culture, Rachida Dati, qui a fait le déplacement le 17 octobre 2024 pour l'occasion. En présence du directeur général de l'Opéra de Paris, Alexander Neef, de l'ancien ministre de Culture (1992-1993) Jack Lang, et de l'architecte missionné pour ce projet, Carlos Ott, elle est revenue sur ce label qui "permet d'appréhender la ville contemporaine dans toute sa diversité et de prendre en compte l'exemplarité de l'œuvre".

 

Le label est attribué aux édifices et productions de moins de 100 ans non protégés au titre des Monuments historiques. Il vise à montrer l'intérêt de constructions récentes et faire le lien entre patrimoine ancien et production architecturale actuelle. La plaque attribuée à l'Opéra Bastille sera installée au cœur du bâtiment sur le porche du deuxième étage.

 

Un lieu ouvert à tous

 

Le bâtiment de Bastille, "cet espace exceptionnel inauguré en 1989, incarne la vision collective portée par les pouvoirs publics de l'époque, celle [de désengorger le Palais Garnier et de] rendre l'opéra Bastille ouvert et accessible à tous", affirme Alexander Neef, directeur général de l'Opéra de Paris. "Il offre un accès à l'art lyrique et chorégraphique au plus grand monde."

 

Le projet avait été lancé en 1982. À l'époque, un concours international d'architecture est lancé, remporté par l'architecte uruguayo-canadien Carlos Ott. "Près de 900 candidats avaient répondu. Peu de concours ont suscité un tel élan", témoigne Jack Lang. "Cet opéra a, dix fois, failli de ne pas se faire pour des raisons techniques et politiques. Opposition, critiques musicaux et mêmes certains ministres du gouvernement auquel j'appartenais… pour beaucoup, [ce projet] était inimaginable et la colère grondait."

 

Opéra Bastille Jack Lang Rachida Dati Carlos Ott
De gauche à droite : Jack Lang (ancien minsitre de la Culture entre 1992-1993), Alexander Neef (directeur général de l'Opéra de Paris), Rachida Dati (ministre de la Culture) et Carlos Ott (architecte), à la remise du label "Architecture contemporaine remarquable" à l'Opéra Bastille, le 17 octobre 2024. © L-A F. pour Batiactu

 

Pour l'ancien ministre, aujourd'hui président de l'Institut du monde arabe, l'œuvre de Carlos Ott est unique. "C'est un vaisseau extraordinaire, avec des plateaux techniques répartis sur deux niveaux et une acoustique célébrée par les chanteurs et les musiciens. La programmation est foisonnante et l'équipage hors pair."

 

Renouvellement de l'institution

 

Ce grand théâtre moderne de 2.715 places ouvre plus de 200 soirs par an. Il bénéficie d'une luminosité importante de par sa façade, et détient une acoustique homogène, des grands escaliers courbes desservant la salle de spectacle ainsi que des salles de travail et de répétition. "Bastille possède une identité inédite sur la carte mondiale des opéras dans le monde", estime Alexander Neef. "Il a même eu un effet partout en France, [où se sont construits ensuite] des petits opéras de région, pour beaucoup éblouissants", ajoute Jack Lang. Carlos Ott confirme : "Bastille est utile pour la conception des opéras du futur. Nous avons utilisé cet opéra pour en concevoir d'autres et les plans du bâtiment sont accrochés [sur les murs de] l'opéra de Shanghai."

 

Aujourd'hui, "il remplit son objectif de démocratisation et a permis à l'institution de se renouveler", reprend Alexander Neef. "Cette infrastructure exceptionnelle a donné une nouvelle dimension au spectacle, et permet un équilibre entre répertoire et création. Ici, il n'y a quasiment pas de mauvaises places." Rachida Dati complète : "c'est la salle d'opéra du XXe siècle, plus grande, plus accessible et polyvalente. C'est un établissement, un opéra pour tout le monde. Le monument est devenu un symbole de Paris et de son quartier."

 

Quelle suite pour l'Opéra Bastille ?

 

Le futur de l'opéra est déjà en partie dessiné. Des travaux de rénovation - estimés à 100 millions d'euros - sont prévus, avec une possible fermeture fin 2026 pour permettre ce chantier. L'édifice a des besoins urgents de rénovation énergétique. Les travaux permettront d'améliorer les installations techniques et l'accueil des spectateurs, tout en ouvrant le théâtre sur la ville.
Depuis la réalisation de cet édifice, "le monde, la ville, et la place [de la Bastille] ont changé. Nous avons beaucoup de travaux à faire, et vous avez une totale liberté concernant la palette de couleurs" à mettre en œuvre, affirme Carlos Ott, qui se propose d'accompagner ce projet. Rachida Dati a, elle, annoncé souhaiter soutenir les travaux et estime qu'il faut inscrire le bâtiment "dans son environnement, en n'oubliant pas ses abords".

 

 

 

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