Le projet de fusion entre les deux spécialistes du ciment Holcim et Lafarge a été confirmé par les deux groupes. Ce futur géant du secteur espère s'imposer dans 90 pays et prendre un temps d'avance sur ses concurrents, notamment ceux des pays émergents. Détail de l'opération.
Le suisse Holcim et le français Lafarge ont confirmé leur intention de se rapprocher dans le cadre d'une fusion entre égaux, approuvée à l'unanimité par leurs Conseils d'administration respectifs avec le soutien de leurs grands actionnaires.
L'objectif de cette union ? Utiliser leurs forces respectives afin de renforcer une position mondiale dans le secteur de la construction. Avec l'arrivée d'entreprises venues des pays émergents sur le marché, mais aussi de pays tels que le Mexique, cette union doit permettre de se positionner en leader.
Pour cela, le futur géant s'appuiera sur ses réseaux de production et de distribution ainsi que sur l'ampleur de son maillage géographique qui se veut complémentaire. "Cette présence géographique étendue offrirait à LafargeHolcim des perspectives de croissance accrues à la fois dans les pays développés et dans les économies à forte croissance. Aucun pays ne représenterait plus de 10% environ des ventes du nouvel ensemble", souligne un communiqué commun.
Les ventes combinées de Lafarge et de Holcim avoisinent 32 milliards d'euros. Comment va s'opérer la transaction financière ? Elle s'organisera comme "une offre publique d'échange initiée par Holcim sur l'ensemble des actions de Lafarge, sur la base d'une parité d'une pour une, avec un accord d'égalisation du dividende par action entre l'annonce et la réalisation de la transaction". Côté gouvernance, elle se veut équilibrée avec un conseil d'administration constitué de 7 membres issus de Lafarge, et 7 issus de Holcim. La société, dont le siège sera en Suisse, sera cotée à la fois à Paris et à Zurich. Wolfgang Reitzle (Holcim) prendra le titre de chairman et Bruno Lafont, l'actuel dirigeant de Lafarge? sera le patron opérationnel (ou CEO) du nouvel ensemble.
Chez Lafarge, on se veut rassurant, mais les syndicats sont inquiets
"Je suis fier d'ouvrir aujourd'hui ce nouveau chapitre de la longue histoire industrielle de Lafarge, fruit de l'engagement de toutes nos équipes. En mariant nos expériences avec celles de Holcim, nos zones de force respectives et nos compétences en matière d'innovation, nous allons créer un acteur à l'avant-garde des matériaux de la construction, au bénéfice de nos clients, de nos salariés et de nos actionnaires", a souligné le PDG de Lafarge dans un communiqué.
Durant la conférence de presse organisée lundi 7 avril, le patron français a tenu à rassurer précisant que le groupe "ne quittait pas la France". Et de compléter que le cimentier français serait toujours doté de "centrales" dans l'Hexagone. En outre, le centre de recherche restera implanté à Lyon. Concernant l'emploi, il a souligné que "l'impact sera très limité". "Les restructurations sont derrière nous, et il n'y aura pas de fermeture d'usine à la suite de ce mariage", a-t-il ajouté. Cependant, les syndicats ne l'entendent pas de cette oreille, et ils craignent des suppressions d'emplois. Sylvain Moreno, délégué CGT central chez Lafarge Ciments, évoque des "transformations de cimenteries en stations de broyage, avec beaucoup moins de main d'œuvre".
Quant à Rolf Soiron, le PDG d'Holcim, il s'est également félicité de ce futur mariage : "Ce projet de fusion est une opportunité unique dans l'histoire d'une entreprise. Nous offrirons à nos clients des produits encore plus innovants, plus nombreux et plus durables, et à nos actionnaires une création de valeur considérablement plus importante".
Désormais, le projet doit être approuvé par les différentes autorités de la concurrence des pays où les deux groupes sont présents. Une fois cette étape achevée, la fusion pourra avoir lieu, soit au premier semestre 2015.
Holcim :
-16,1 milliards d'euros CA
- Nombre de salariés dans le monde : 90.000
- Présent dans 70 pays
Holcim France, c'est...
-1.800 salariés
- 200 sites
- 15,2 milliards d'euros
-Nombre de salariés dans le monde : 64.000
- Présent dans 62 pays
Lafarge France, c'est...
- 5.300 salariés
- 450 sites dans
les activités ciments, granulats et bétons