Dans les locaux de la future Cité de l'Architecture et du Patrimoine (Palais de Chaillot, à Paris), Catherine Tasca a remis l'Equerre d'Argent au duo d'architectes bâlois Jacques Herzog et Pierre de Meuron.

C'est un ensemble de 57 logements sociaux, rue des Suisses, à Paris, qui a retenu l'attention du jury. Construit pour la régie immobilière de la ville de Paris (RIVP), ce prix décerné chaque année par notre confrère Le Moniteur récompense aussi l'audace du maître d'ouvrage qui, sous l'impulsion de son président Michel Lombardini, a entrepris depuis plusieurs années de réconcilier logements sociaux et création architecturale.

Pour cette première réalisation du célèbre tandem, Jacques Herzog et Pierre de Meuron ont joué du contraste entre la façade austère avec ses sombres jalousies métalliques et le bâtiment de cour habillé de persiennes de bois courbes qui donne sur une agréable parcelle intérieure de 150 mètres de long.

A l'intérieur, outre un curieux papier gaufré à ramages roses choisi pour les parties communes, la surprise vient du manque d'intimité. "L'esthétique exceptionnelle d'Herzog et de de Meuron a, sans doute, des revers : la transparence des loggias, tout en créant un fort sentiment de convivialité, prive les logements d'intimité (pas de verre sablé sur les ouvertures de salle de bains) et même de sécurité (pas de volet sur les fenêtres arrière du bâtiment central)" fait remarquer le quotidien Libération qui s'interroge en outre sur la qualité des matériaux

Des plinthes en bois dans les sanitaires aux planchers de mauvaise qualité en passant par le rabiotage sur le nombre des manivelles aux stores de bois notre confrère critique ces " économies de bouts de chandelle, qui risquent de se révéler coûteuses à l'usage et qui, au sein d'une enveloppe budgétaire fermée (5,64 millions d'euros TTC), apparaissent comme la rançon des priorités esthétiques adoptées ". " Cette belle construction aux prestations pauvres fait sans doute la pub de la RIVP comme celle des architectes, mais fait-elle bien celle de l'architecture... " conclu le quotidien.

Le journal Le Monde par la plume de Frédéric Edelman se montre moins critique même s'il reconnaît que " l'ensemble primé ne (lui) paraît pas appartenir au meilleur du catalogue des deux Suisses ".

Comme pour justifier ce choix contestable, le jury a décerné une mention spéciale à l'architecte irakienne installée à Londres, Zaha Hadid, pour le terminal des bus de Strasbourg.

Enfin, le prix de la première oeuvre a été attribué à Remy Marciano, 33 ans, avec le gymnase Cossec-Ruffi à Marseille construit pour le compte de la Ville de Marseille et Euroméditérannée.

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