Depuis début 2009, la tendance des marchés locatifs privés va dans le sens d'une quasi-stabilisation, mais pourrait bientôt basculer à la baisse, selon une étude de l'observatoire Clameur. Détails.
Les premiers chiffres des loyers de 2009 font apparaître une tendance à la stabilisation, avec un glissement annuel de 0,2%, contre 1,5% en 2008. Une tendance qui pourrait s'inverser selon Michel Mouillart, professeur d'économie à l'université de Paris X et auteur d'une étude Clameur sur les loyers du marché locatif : « On est sur le fil du rasoir. On peut aussi bien aller vers une baisse des loyers que vers une très faible progression. Le moment est au flottement et à l'incertitude ».
Un marché locatif au plus bas
En 2008, le marché locatif ne s'est pas redressé pendant les mois traditionnellement plus actifs de l'été et a fini l'année à 27,6%, soit l'un de ses niveaux les plus bas depuis le début des années 90. Dans ce contexte, la hausse des loyers de relocation a sensiblement diminué à 5,5% en 2008, au lieu de 6,8% en moyenne entre 2001 et 2004. Principaux visés les petits logements (une pièce) ou les très grands (cinq pièces et plus) pour lesquels la demande s'est fragilisée, notamment du fait de la faible valorisation des aides personnelles.Ce niveau reste cependant supérieur à la progression annuelle moyenne depuis 1998 qui se situe à 3,3%, soit une hausse cumulée de 43% en 11 ans. Ce ralentissement n'est d'ailleurs pas suffisant pour relancer le taux de mobilité résidentielle, qui continue de reculer pour la troisième année consécutive. Au début de l'année 2009, il s'établit à 26,1% contre 29,4% en 2006, soit son plus bas niveau depuis 10 ans.
Paris en repli
Dans le détail, les loyers sont déjà en baisse pour 43,8% des villes, contre 22,4% des agglomérations début 2008. C'est le cas par exemple à Toulouse (-1%), Lille (-0,3%) ou Besançon (-6,0%). Même Paris est touchée et recule de -1,8% pour un mètre carré estimé en moyenne à 21,3 €. Mais pour 56,2% des villes , les loyers continuent d'augmenter en ce début d'année comme au Mans (+1,4%), à Nice (+4,1%) ou à Limoges qui enregistre +5% de hausse.La hiérarchie des régions, elle, se confirme. L'Ile-de-France reste la plus chère à 17,3 €/m² en moyenne et la Franche-Comté, la région la moins chère à 7,9 €/m².
Alors que certaines associations de locataires et des mouvements de consommateurs réclament un gel des loyers pour atténuer les difficultés des foyers touchés par la crise, la ministre du Logement est restée ferme. Dans une interview donnée à nos confrères de Libération, Christine Boutin explique que « bloquer les loyers pourrait inciter les propriétaires soit à ne plus louer leur bien, soit à ne plus entretenir leur logement, soit à ne plus investir dans la pierre pour louer ». Elle juge suffisante la réforme de l'indice de révision des loyers qui permet aux loyers d'évoluer « à l'identique des prix à la consommation ». Elle assure que « comme l'inflation n'est pas forte en ce moment, les loyers augmente[ront] aussi avec modération ».