Qu'attendent les acteurs du logement social et de la promotion immobilière du Gouvernement pour mettre en marche l'habitat durable ? Ce mercredi 23 novembre, les professionnels ont largement débattu sur ce sujet en présence de Philippe Pelletier, président du Plan Bâtiment Durable. Ce dernier se voit confier une mission sur la mobilisation du secteur bancaire en faveur de la rénovation énergétique.

Après la dernière conférence Habitat III des Nations Unies à Quito (Equateur), et la toute récente ratification de l'accord de Paris pour le climat et la COP 22 à Marrakech 2016, la dimension énergétique et la volonté d'un habitat durable "plus sobre en énergie et plus propice au confort en santé" prend de plus en plus d'ampleur.

 

Un constat partagé ce mercredi 23 novembre 2016, par les professionnels du logement social et de la promotion immobilière* à l'occasion de la conférence "Habitat durable, la révolution en marche", organisée ce mercredi 23 novembre 2016 à Paris par Immoweek.

 

"Ce ne sont pas seulement des bâtiments performants, il faut parler des bâtiments pour tous. (…) Et durables et accessibles ne sont pas incompatibles", ont reconnu globalement les principaux acteurs présents qu'étaient l'USH, la FPI, ou encore la Fondation Abbé Pierre. Toutefois, Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre a rappelé que sur "l'habitat durable, c'est permettre à tous les foyers de se chauffer décemment sans gaspiller d'énergie. Ce sont près de 4 millions de logements transformés en passoires thermiques."

 

Avant de pointer du doigt les facteurs du mal-logement notamment : "Le coût de l'énergie et la vulnérabilité des ressources." Et également de lister ses conséquences sur la santé des individus : "les bronchites apparaissent très vite, l'anxiété, voire la dépression."

 

Vers une "politique de saupoudrage" ?

 

Christophe Robert n'a pas hésité à tacler la politique actuelle gouvernementale dédiée à l'habitat durable."Le dernier décret sur la performance thermique n'est pas très ambitieux, estime-t-il. Car nous risquons de nous trouver dans une politique de saupoudrage."

 

A son tour, Marianne Louis, délégué générale de l'USH, a partagé l'avis de Christophe Robert et précisé que fin septembre 2016, au cours de leur congrès à Nantes, ils ont signé une charte : "la charte d'engagement liant l'État et l'Union Sociale pour l'Habitat (USH) prévoit la production, à partir de 2017, de bâtiments répondant aux critères du label énergie-carbone."

 

"Les objectifs [de production de logements sociaux, ndlr] ont été dépassés, nous allons continuer avec l'expérimentation du label E+C-, a-t-elle précisée. Et nous sommes mobilisés sur la question de l'appropriation des ménages."

 

"Un logement durable doit respecter avant tout la logique de densité", Alexandra François-Cuxas, FPI

 

Par ailleurs, Alexandra François-Cuxas, présidente de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) et vice-présidente du Conseil supérieuer de la construction a insisté sur la question de l'usage : "Force est de constater que la FPI pour 98 % des acteurs estiment que le système est trop rigide, la polyvalence des lieux est une priorité ! Prenons l'exemple du phénomène des colocations, de l'explosion des naissances ou des divorces, qui ont aussi des conséquences sur la conception même des logements."

 

Avant de déplorer que "l'on entend peu les architectes s'exprimer auprès des promoteurs sur le sujet. C'est pourquoi, à mon sens, un logement durable doit être accessible en matière de prix, mais il doit respecter avant tout la logique de densité. (…) Si on en a envie, on doit faire de la pédagogie mais mettons-nous d'accord sur les moyens."

 

Enfin, Philippe Pelletier, président du Plan Bâtiment Durable depuis 2009 refuse "d'entendre dire que le système tarde" et consent "qu'il n'y aura pas de textes parfaits ! La question n'est pas non plus gaillardement de se dire si l'on doit aller vers des logements durables."

 

"Depuis le Grenelle de l'Environnement jusqu'à la Transition énergétique, notre position n'a pas variée, conclut-il. Nos actions se concentrent largement aujourd'hui sur le thème des copropriétés dégradées." Tout en reconnaissant qu'"il est nécessaire d'attendre la phase d'audit énergétique."

 

*Etaient présents à cet échange ce mercredi 23 novembre 2016 autour de Philippe Pelletier, président du Plan Bâtiment Durable : Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, Yannick Borde, directeur général de Provicis Ouest Immobilier, Alexandra François Cuxas, présidente de la FPI, Marianne Louis, secrétaire générale de l'USH et Stanislas Pottier, directeur du Développement Durable de Crédit agricole SA.

 

Rénovation énergétique : une nouvelle mission confiée à Philippe Pelletier sur la mobilisation du secteur bancaire


Dans une lettre adressée le 21 novembre 2016, à Philippe Pelletier, président du Plan Bâtiment Durable, Emmanuelle Cosse l'appelle à une nouvelle mission sur la mobilisation du secteur bancaire en faveur de la rénovation énergétique, a-t-il également annoncé ce mercredi en marge de la table-ronde organisée par Immoweek.

 

Dans cette même lettre, la ministre du Logement lui demande : "Avec l'appui des déclinaisons régionales du Plan Bâtiment Durable, vous lancerez, sans tarder, des actions de mobilisation des établissements bancaires et financiers partenaires de vos actions, au plan national, comme local, au besoin en formalisant des partenariats dédiés.(...). Vous observerez les pratiques innovantes et proposerez les développements nécessaires de nature à les généraliser."

 

Au final, "ces différents échanges avec les acteurs territoriaux lui permettront de dresser aussi un état des lieux du déploiement des dispositifs de tiers-financement sur le territoire et de préciser les liens qui pourraient être développés avec le secteur bancaire."

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