REPRISE DES CHANTIERS. Si les organisations patronales, un syndicat de salariés et le Gouvernement ont validé le guide OPPBTP de reprise des chantiers au cas par cas, d'autres acteurs expriment leurs doutes sur les possibilités d'une réelle relance en sécurité.
Le guide de prévention rédigé par l'OPPBTP, validé par le Gouvernement et un syndicat de salariés (la CFDT), "ne suffit pas" pour reprendre franchement l'activité sur les chantiers. C'est ce qui ressort d'un communiqué de presse diffusé ce 5 avril 2020, cosigné par le Conseil national de l'ordre des architectes et l'Union des syndicats français d'architectes (Unsfa). Si les deux organisations saluent le travail de l'OPPBTP, les représentants de la maîtrise d'oeuvre suspendent une réelle reprise des chantiers à l'avis du comité scientifique. Les médecins spécialisés doivent donner "un avis favorable à une reprise d'activité sans risque pour toutes les personnes qui se rendent sur les chantiers, mais également sans risque pour la population", peut-on lire dans le texte.
Certains types de chantiers peuvent repartir au cas par cas
Pour autant, Cnoa comme Unsfa estiment possible de redémarrer dès maintenant certaines activités, "en respectant strictement les consignes de sécurité du guide", sur des chantiers sans co-activité ou dans le secteur des travaux publics. Tout en rappelant que la plupart des entreprises ne disposent pas des outils indispensables à une reprise en sécurité, comme les masques ou le gel hydroalcoolique ; enfin, il faut aussi prendre en compte le surcoût qu'entraînerait l'application stricte du guide. "Nous aimerions pouvoir reprendre nos activités et assurer la maîtrise d'œuvre de nos chantiers. [...] Nous allons donc travailler avec le gouvernement sur le rôle des différents acteurs pour gérer cette période, et aborder les dispositions nécessaires à mettre en œuvre selon les différents cas de figure rencontrés", concluent les porte-parole des architectes.
"Les conditions de survie à la reprise de l'activité ne sont pas réunies"
Ces doutes sur le souhait d'engager un redémarrage de l'activité sont partagés par l'ensemble des syndicats de salariés refusant de valider le guide de l'OPPBTP, à savoir la CGT construction, FO construction, la CFE-CGC BTP et la CFTC. Dans un communiqué publié vendredi 3 avril 2020, ils estiment que "les conditions de survie" à la reprise de l'activité ne sont pas réunies. "Le Gouvernement [...] veut obliger les salariés du BTP à prendre un risque sanitaire majeur et à risquer leurs vies face à un mal invisible, le Covid-19, alors même que nos métiers sont déjà fortement accidentogènes", estiment les syndicats signataires. Ils auraient notamment préféré que le guide ne concerne dans un premier temps que les travaux d'urgence, et qu'un second guide soit prévu pour les travaux de l'après-confinement.
Ces représentants de salariés invitent donc les compagnons du BTP à ne pas se rendre sur les chantiers, ou d'utiliser leur droit de retrait, "en l'absence d'EPI nécessaire ou dans l'impossibilité d'exécuter les gestes barrières, où s'ils se sentent en danger". Les signataires préviennent qu'ils se montreront "impitoyables" sur la possibilité que l'employeur s'expose à une "mise en danger d'autrui", et ne souhaitent "pas un chantier sans masques, gel hydroalcoolique, sans protection contre le coronavirus".
Ces prises de position introduisent bien sûr un flou sur l'autorité de ce guide qui était très attendu, et posent la question de savoir de quelle manière il sera adopté par les acteurs sur le terrain.
2. L'interdiction d'accès aux chantiers et aux ateliers des apprentis, stagiaires et alternants ;
3. Une reprise d'activité dés lors que lorsque le pic de pandémie sera dépassé ;
4. Un dépistage systématique à l'entrée des chantiers ;
5. La décision de reprise soit actée en accord avec le CISSCT ou des élus de chaque entreprise concernée (CPRIA pour l'artisanat) ;
6. Ce guide soit à la disposition de tous les salariés des entreprises afin de s'assurer de la bonne mise en application ; mais transmis comment ? ;
7. Que les salariés fragilisés et ou âgés soient dispensés ;
8. Que la reprise se fasse en cohérence avec le déconfinement.