Pour la première fois depuis 55 ans, la Suisse vient de vivre un mouvement social de forte ampleur. Quelque 10.000 travailleurs de la construction ont cessé le travail pour protester contre la non-application de la convention collective sur la retraite anticipée à 60 ans.

Le bras de fer entre les syndicats et les entrepreneurs suisses du BTP se poursuit, les différentes parties n'ayant pu trouver un accord sur les départs en retraite anticipés.

C'est ainsi que lundi quelque 10.000 travailleurs de la construction ont entamé une grève de 24 heures. Ces derniers protestent contre la non-application de la convention collective sur la retraite anticipée à 60 ans, conclue le 25 mars dernier.

Pour la Suisse, d'habitude si tranquille, ce mouvement est vécu comme un événement national. C'est d'ailleurs le plus grand mouvement de grève depuis 55 ans qu'est en train de connaître notre voisin et la dernière grève générale, à laquelle avaient pris part 400.000 ouvriers et salariés, remonte à 1918.

Le conflit menaçait d'éclater depuis plusieurs semaines. Les syndicats SIB (Syndicat Industrie et Bâtiment) et SYNA (Industrie, commerce, services...) qui ont appelé à la grève, ont d'ailleurs organisé depuis le 21 septembre diverses manifestations contre la "violation de contrat" par la Société Suisse des Entrepreneurs (SSE).Parties de Suisse centrale, ces actions - une quinzaine de grèves ou débrayages selon les syndicats - ont gagné l'ensemble du pays.
"La grève est sûrement le signal que les temps sont devenus plus durs et que l'on pourrait bientôt ne plus pouvoir parler du cas spécial d'harmonie sociale de la Suisse", a averti Hansueli Scheidegger, du syndicat SIB, dans une déclaration au SonntagsZeitung.

Le conflit porte sur le montant des rentes que devraient toucher ceux qui souhaitent partir à la retraite anticipée avant 65 ans. Le patronat a proposé de réviser à la baisse le montant des rentes versées, estimant que le système prévu initialement ne permet de payer 70% du salaire brut qu'aux travailleurs partant à la retraite anticipée dès 63 ans, ce que contestent les syndicats.

Les patrons de la construction mettent en avant le caractère illicite de la grève et ils ont fait savoir qu'ils allaient porter plainte. Les membres du syndicat patronal font savoir dans la presse suisse qu'ils avaient présentés une proposition prévoyant " une application des éléments clés convenus ce printemps ". " Elle intègre notamment une solution sectorielle étendue avec des rentes allant de 60 à 70% du dernier salaire brut " a indiqué Heinz Plestcher, président du SSE.

Insuffisant ont rétorqué les syndicats d'ouvrier et notamment le SIB.Au cas où ces syndicats n'obtiendraient pas satisfaction, ils prévoient de poursuivre la grève lors de la semaine du 18 novembre. Les grands chantiers seront paralysés sur une plus longue durée ont-ils menacés.

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