ROYAUME-UNI. Outre-Manche, plus de 300 bâtiments de plus de 18 mètres, isolés par l'extérieur, sont considérés comme 'à risque' en ce qui concerne l'incendie. Certains d'entre eux ont déjà subi une intervention pour retirer les matériaux en place en façade. Plusieurs députés font pression sur le Gouvernement pour que l'ensemble des immeubles concernés soient traités à l'aide de fonds publics.
Il faut "urgemment" débloquer des fonds pour accélérer les opérations de retrait de parements de façade sur plus de 300 bâtiments considérés comme 'à risque' quant à l'incendie. C'est du moins l'opinion de 44 parlementaires britanniques qui, selon le Guardian, ont écrit au secrétaire d'État au Logement. Pour rappel, plus de 300 immeubles de plus de dix-huit mètres (dont 54 logements sociaux) sont recouverts du même parement de façade que la tour Grenfell. Sur ce total, "sept bâtiments ont subi des travaux correctifs complets", avance le journal. Intervenir sur l'ensemble des immeubles concernés aurait un coût estimé de 1,7 milliard d'euros.
Un chèque de 1,7 milliard d'euros
La réponse à la fameuse question "Qui va payer ?" ralentit considérablement le processus. D'où l'inquiétude des élus. "Les propriétaires/copropriétaires de ces immeubles sont face à un investissement considérable, leurs biens sont devenus invendables et ils sont inquiets pour leur sécurité", expliquent-ils au ministre. "Vous ne pouvez les laisser dans cette situation pendant des années. Au fond, il s'agit de protéger des vies humaines et le droit de toutes les familles de ce pays de se sentir en sécurité chez elles. Nous demandons instamment au Gouvernement de prendre ses responsabilités sur ce sujet car personne d'autre n'a les moyens de le faire."
A Roubaix, un remplacement de panneaux pour 1,5 million d'euros
En France, il existe au moins un précédent à cette situation : la tour Mermoz, à Roubaix, avait subi un incendie de façade en 2012. Un produit du même type que celui posé sur la tour Grenfell était impliqué. Le remplacement de celui-ci sur les trois tours du complexe a coûté, d'après le site Inside housing, 1,5 million d'euros au bailleur Lille métropole habitat (LMH). Les nouveaux panneaux disposent d'un cœur incombustible (et non plus en polyéthylène).
"L'ITE est une technique relativement nouvelle, et nous sommes toujours en phase expérimentale", J.Ferrando (UNPI)
De nombreux professionnels, en France, estiment possible qu'un travail de ce type soit effectués sur d'autres bâtiments. "Il y a moins de chances pour que ce type de sinistre se produise ici", nous explique l'architecte Jean Ferrando, expert judiciaire auprès de la Cour d'appel et trésorier de l'Union des propriétaires immobiliers (UNPI). "Les réglementations liées aux ERP et aux logements, pour le neuf, sont bien conçues." Mais reste la question de l'existant. "Si on a un bardage avec lame d'air sans recoupements tous les huit mètres, des produits combustibles et des contrôles insuffisants (sachant que les pompiers contrôlent les constructions neuves, pas les interventions sur l'ancien), il y a un risque. Se pose alors la question de ré-intervenir sur ces façades. Il ne faut pas oublier que l'ITE est un procédé relativement nouveau, et nous sommes en quelque sorte toujours en phase expérimentale." Il s'agira alors d'effectuer un arbitrage entre le coût des opérations et le niveau minimal de sécurité exigé.
Pour l'architecte, l'ITE est un procédé très efficace, bien entendu en matière thermique. Mais sa mise en œuvre est "extrêmement technique". Les risques de commettre des erreurs lors de la pose sont donc relativement élevés. "Dans mon rôle d'expert judiciaire, je vois passer beaucoup de sinistres : la plupart du temps, ils sont dus à une mise en œuvre défectueuse qui a souvent été faite le jeudi ou le vendredi, au moment où certains salariés sont pressés de boucler leur semaine de travail." Pour l'instant, il n'existe pas d'indications précises sur le nombre de bâtiments qui pourraient faire l'objet d'une intervention pour sécurisation.