ÉNERGIE. Gestionnaire du réseau de distribution de gaz en France, GRDF a décidé de se mettre au vert. Symbole de cette transition, le biométhane, gaz 100 % renouvelable, dont la croissance ne cesse de s'accélérer. Focus.
Acteur essentiel de l'énergie en France, le gaz doit, lui aussi, se faire plus écologique. Pour ce faire, GRDF, gestionnaire français du réseau de distribution de gaz, a misé sur le biométhane. Entièrement renouvelable, celui-ci ne se limite pas à une fonction ménagère. Par exemple, il est utilisé comme carburant, sous forme de BioGNV, pour la flotte de 430 bus de la métropole européenne lilloise. Conscient du potentiel de cette énergie, GRDF a fait le choix d'accompagner les projets de création d'unités de méthanisation, en raccordant notamment les sites au réseau et en assurant l'exploitation et la maintenance des postes d'injection.
Le biométhane, comment ça marche ?
A Saconin-et-Breuil (Aisne), la société BLB Gaz, née de l'association de trois familles d'agriculteurs, a lancé, en juillet 2018, son propre site de méthanisation. Son fonctionnement est simple : environ 30 tonnes d'intrants, un mélange de pulpes de betteraves (40%), de cultures intermédiaires à vocation énergétique (50%) et de co-produit de l'industrie alimentaire, sont broyés quotidiennement dans un trémie avant d'être ingérés dans le digesteur. Une fois dans cette gigantesque cuve de béton couverte, ces résidus vont être privés d'oxygène, brassés et chauffés à 40°C durant 150 jours, pour laisser les bactéries les dégrader et ainsi produire du méthane. Suite à cette étape, le biogaz passe par une station d'épuration pour être désulfuré et déshydraté afin de convenir aux standards de GRDF et ainsi être injecté dans le réseau. De leur côté, les résidus restants sont réutilisés comme engrais dans les exploitations des trois familles.
"La filière biogaz a énormément de potentiel, et plusieurs croissances sont envisagées : celle de la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), celle de la filière gaz et une plus ambitieuse", explique Christophe Bellet, délégué biométhane GRDF. Selon "l'étude d'impact de la filière biogaz sur l'emploi en France", réalisée par l'agence de conseil Transition, plus de 50.000 emplois pourraient être créés d'ici 2030 dans le secteur, contre 4.000 à ce jour. Au total, 785 installations produisent du biogaz, 680 par co-génération et 105 par injection, comme à Saconin-et-Breuil. Depuis le début de l'année, 29 nouveaux sites de méthanisation pourvoient les réseaux gaziers, et cela n'est pas prêt de s'arrêter. Selon GRDF, 902 projets sont inscrits sur la file d'attente du registre de capacité biométhane de l'ensemble des opérateurs. De quoi dépasser les objectifs de la PPE, dont l'objectif est d'atteindre 10 % de gaz renouvelables dans les tuyaux.
Un problème de formation
Cependant, tous les voyants ne sont pas au vert. Ce rapide essor risque de se confronter à un problème de main d'œuvre. "Il y a un gros écart entre les besoins et la formation existante", déplore Christophe Bellet. Actuellement, seules 51 formations sont recensées par l'Association technique énergie environnement (Atee), dont une seule formation initiale agricole, alors que l'agence Transition estime entre 300 et 1.800 le nombre de personnes à former en études et entre 4.500 et 12.300 à former en exploitation d'ici 2030. Un défi de grande ampleur pour l'ensemble des acteurs, sous peine de sous-exploiter le potentiel de la filière.
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