CHANTIER. Au cœur de l'Eure, en Normandie, une grange du XIXème siècle a fait peau neuve grâce à une ancienne méthode : l'application chaux chanvre. Une technique qui, combinée à d'autres choix de rénovation, a permis de redonner à la bâtisse son charme d'antan. Ce chantier mené par Lafarge permettra de collecter des données rendant compte des performances du bâtiment.
Au milieu d'un verger verdoyant où se dressent des dizaines de pommiers, trône une vieille grange à colombages, au toit recouvert d'ardoises. 47m2 qui accueillaient autrefois un poulailler, une ancienne étable et une zone de stockage de foin sous les combles. Sauf que cette bâtisse se démarque de ses semblables disséminées çà et là dans les villages environnant. Puisque, totalement rénovée, elle n'est pas à deux doigts de s'écrouler.
"C'était une grange qui commençait à dépérir. Comme beaucoup d'autres qui, ici, finissent par disparaître. Ce qui est dommage au vu de leur intérêt patrimonial. Nous avions donc à cœur de la préserver de la manière la plus traditionnelle possible", explique Valérie Louzier, propriétaire de la grange avec son mari, Jean-Paul Louzier.
"C'était une grange qui commençait à dépérir. Comme beaucoup d'autres qui, ici, finissent par disparaître. Ce qui est dommage au vu de leur intérêt patrimonial. Nous avions donc à cœur de la préserver de la manière la plus traditionnelle possible", explique Valérie Louzier, propriétaire de la grange avec son mari, Jean-Paul Louzier.
Pour se faire, le réseau de "Maisons Paysannes de France" (association qui œuvre à la préservation du petit patrimoine non protégé) entre en action. De fil en aiguille, c'est le géant Lafarge qui pose ses outils dans l'Eure. Sauf qu'ici, la bétonnière ne préparera pas de béton, mais du chaux-chanvre.
Rien de bien nouveau, puisqu'il s'agit là d'une technique ancienne, qui, mélange de la chaux à un granulat obtenu à partir de la tige de chanvre et dont le rendu visuel s'avère idéal pour raviver l'authenticité du bâtiment. A cela viennent s'ajouter la rénovation d'une partie de la toiture en ardoise et l'installation de menuiseries en bois, qui participent aussi du rendu final.
Un laboratoire à ciel ouvert
En plus de son aspect authentique, ce matériau bio-sourcé renferme quelques atouts. Comme sa souplesse et sa cohésion avec le support. Mais aussi sa perméabilité à la vapeur d'eau et son potentiel de régulation de la température et de l'humidité. Par exemple, l'été, l'eau s'évapore dans le mur et absorbe la chaleur. En hiver par contre, la condensation de l'eau dans ce même mur dégage de la chaleur.
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Ce chantier associe authenticité et expérimentation. En effet, le projet a été réalisé avec la collaboration de l'INSA (Une école publique d'ingénieurs à Rennes). Sa mission ? Mesurer les performances de la bâtisse. Des capteurs thermo-hydriques vont mesurer l'apport du mélange en intérieur comme en extérieur. En tout, 110 points de mesure travailleront pendant deux ans à récolter un maximum de données.
D'ici là, l'espace, sera terminé et investi... "pour le moment, nous en ferons un lieu de détente, pour recevoir des amis etc. Peut-être que cela évoluera ensuite", raconte Valérie Louzier. Découvrez les détails du projet.
Une grange authentique au cœur d'un paysage bucolique
Proche d'un étang, entourée d'arbres fruitiers dans un environnement verdoyant, typique de la Normandie, cette grange à colombages de 47m2 a été entièrement rénovée. Et ce, dans le but d'en conserver l'authenticité et de lui redonner un usage.
Du patrimoine en partie subventionné
Après avoir retiré le torchis, les colombages du bâtiment ont été conservés pour y emboîter les murs en chaux-chanvre. Le projet étant labellisé Fondation du patrimoine, les propriétaires ont pu bénéficier d'une subvention à hauteur de 50% du chantier.
Un mur qui respire
Pour ne pas dénaturer l'identité de la grange, une isolation par l'extérieur n'était pas envisageable. Mais à cause des intempéries, le mur ne pouvait pas être laissé tel quel. La façade a donc été recouverte d'un enduit chaux-sable qui respire et ne viendra donc pas entraver les propriétés de la chaux-chanvre.
De l'ardoise espagnole pour une grange normande
Les nouvelles ardoises qui recouvrent la toiture viennent d'Espagne. Un choix par défaut, puisque les filières locales n'existent plus. Qu'à cela ne tienne : "lorsque la mousse les aura recouvertes, le rendu sera superbe", affirme Valérie Louzier.
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Menuiseries : pas de PVC, mais du bois
Pour les menuiseries, le choix s'est porté sur du bois. Là encore, pour préserver un aspect traditionnel que des fenêtres en PVC aurait balayé.
Un sol expérimental
Le sol repose sur un hérisson de granulats 20/40, pour ventiler la dalle. Ce même hérisson a été recouvert de chaux-liège, issu de bouchons recyclés et valorisés en granulats.
Pour ce qui est du revêtement de sol, aucune certitude. Des tomettes peut-être ? Dans tous les cas, comme les murs, le sol aura lui aussi besoin de respirer.
Pour ce qui est du revêtement de sol, aucune certitude. Des tomettes peut-être ? Dans tous les cas, comme les murs, le sol aura lui aussi besoin de respirer.
Un étage partiellement réhabilité
A l'étage, l'ancien plancher a été déconstruit pour en réaliser un autre, également recouvert de chaux-chanvre. Mais faute de budget, la toiture n'a pas été isolée et cette zone ne sera pas habitée pour le moment.
Une verrière pour la mise en lumière
L'authenticité n'empêche pas la contemporanéité. Petite touche actuelle : "pour apporter plus de lumière naturelle nous avons installé une verrière au fond", explique Valérie Louzier.
Fiche technique
Lieu : Eure, Normandie
Durée des travaux : septembre 2016 à septembre 2017
Maître d'ouvrage : Monsieur et Madame Louzier
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Maître d'œuvre : Lafarge
Coût des travaux : NC