Le débat public sur le projet de Grand Stade à Ris-Orangis a été lancé, ce mardi 12 novembre, à Paris en présence de la Fédération française de rugby (FFR), qui compte bien mettre à profit cette procédure pour "lever des contre-vérités". En effet, un rapport sénatorial, rendu public, la semaine dernière considère qu'il serait "déraisonnable" que l'Ile-de-France compte deux stades d'une capacité de plus de 80.000 places sans club résident. Réactions.
Le débat public autour du projet de Grand Stade doté de 82.000 places, que la fédération française de rugby (FFR) souhaite construire d'ici à 2017 avec le groupement Populous-Ateliers 2/3/4 sur le site de l'ex-hippodrome d'Evry-Ris, a bien pris son envol.
Débat est ouvert depuis le 7 novembre et jusqu'au 21 février 2014
Placé désormais sous l'égide de la Commission nationale du débat public (CNDP) et animé par cette Commission particulière, ce débat est ouvert depuis le 7 novembre et jusqu'au 21 février 2014. Sept réunions publiques vont ponctuer ces quatre mois. Celle d'ouverture aura lieu le 28 novembre à Ris-Orangis, ville de l'Essonne choisie par la FFR pour accueillir son projet de Grand Stade "multimodal" de 82.000 places à l'horizon 2018. Une fois le bilan dressé par la CNDP, la FFR disposera de trois mois pour décider du principe et des conditions de la poursuite de son projet.
Le président de la FFR, Pierre Camou, compte en profiter pour "expliquer et lever des fantasmes, des contre-vérités" grâce à un débat "direct et franc, face-à-face, argument contre argument", faisant référence au rapport sénatorial du 8 novembre 2013 et jugeant ce projet déraisonnable. "Nos ambitions sont peut-être mal comprises. J'attends un échange, qu'on sorte des approximations", a ajouté Jean Camou, qui va s'appliquer à "essayer de convaincre et de faire adhérer" au projet, dont le coût* s'élève à 600 millions d'euros et qui doit être financé par la FFR, sur ses fonds propres et par le recours à l'emprunt.
Un rapport sénatorial qui met le feu aux poudres
En effet, les auteurs du rapport sénatorial d'information sur le financement public des grandes infrastructures sportives, rendu public vendredi 8 novembre 2013, se sont clairement positionnés contre le projet de construction de cette enceinte. Jean-Marc Todeschini et Dominique Bailly, les deux rapporteurs PS, "considèrent qu'il serait déraisonnable que la région Ile-de-France compte sur son sol deux stades d'une capacité de plus de 80. 000 places (Ndlr: Stade de France) sans club résident: les deux enceintes entreraient nécessairement dans une compétition farouche afin d'accueillir aussi bien des événements sportifs d'envergure que des spectacles (...), en nombre nécessairement limité."
Une telle concurrence, d'après eux, "risquerait fort de mettre en péril le modèle économique d'au moins l'un des deux stades, sinon des deux, ce qui entraînerait un dommage financier considérable pour le perdant".
Interrogé par Batiactu, Jérome Guedj, président du Conseil général de l'Esssonne répond aux parlementaires socialistes : "On n'est pas en concurrence sur la pratique sportive. Je trouve que l'on fait bien plus qu'un stade. Au Stade de France, on ne peut organiser de concert en février, car il ne fait pas beau alors qu'à Evry-Ris-Orangis, on pourra le faire..."
Quid du financement?
"Nous allons avoir à la fin du mois, les emprunts obligataires, nous signale Jean Camou. Ce dossier avance bien. Nous finançons notre stade en levant notamment 150 millions d'euros d'obligations sur le modèle des "debentures" britanniques, qui accorderont une priorité, pendant 12 ou 15 ans, pour l'achat de places. Nous prévoyons aussi d'utiliser 50 millions d'euros de fonds propres, et nous pourrions emprunter 400 millions auprès d'établissements bancaires." La vente, par le système du "naming", du nom du stade à une entreprise, est aussi envisagée pour diminuer la facture finale. A son tour, Jérôme Guedj, président du Conseil général de l'Essonne affirme à Batiactu : "Pour la construction du Grand Stade, il n'y aura pas un euro d'argent public de l'Etat et des collectivités locales. On intervient en revanche de notre côté sur l'aménagement, l'environnement, le logement autour du futur complexe."