TRANSPORTS. Alors que le Gouvernement doit prochainement donner ses arbitrages sur le calendrier des travaux du Grand Paris Express, la Cour des Comptes s'inquiète du "dérapage considérable" du coût de ce grand projet.
Les nouvelles lignes du Grand Paris Express seront-elles toutes opérationnelles pour les jeux olympiques de 2024 ? Pas sûr. La Cour des Comptes s'inquiète en effet du "dérapage considérable" du coût du Grand Paris Express, et appelle à "revoir le calendrier" de réalisation du projet et à réviser son périmètre. Chiffré à 19 milliards d'euros lors du débat public en 2010, le super-métro était déjà évalué à 22,63 milliards lorsque le projet a été affiné en 2013. Or, note la Cour dans un rapport qui doit être publié mercredi et que l'AFP a pu consulter, les "coûts prévisionnels (...) n'ont cessé de dériver" depuis.
Le coût total du Grand Paris Express serait finalement de 35,08 milliards d'euros, la facture atteignant même 38,48 milliards en ajoutant les "contributions financières" apportées par la Société du Grand Paris (SGP), l'établissement public en charge du projet, à d'autres projets franciliens. "Ces réévaluations successives des coûts du projet pourraient remettre en cause sa pertinence socioéconomique", juge la Cour des Comptes, qui s'inquiète d'une "trajectoire financière non maîtrisée".
La Cour des Comptes recommande à l'Etat de revoir la gouvernance de la SGP
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Concernant l'endettement nécessaire de la SGP pour financer ses investissements, le montant des frais financiers atteindrait selon elle "près de 134 milliards d'euros et l'échéance de remboursement complet de la dette serait reporté de 25 ans, de 2059 à 2084". Et encore, des surcoûts ou des variations, "même limitées (...) du rendement des taxes fiscales, des taux d'intérêt ou de l'indice du coût de la construction pourrait alourdir très fortement la charge que constituent les frais financiers et reculer la dernière année de remboursement au-delà de 2100, voire faire entrer la SGP dans un système de dette perpétuelle", avance la Cour.
Tout en émettant "de sérieuses interrogations sur la capacité à respecter les échéances olympiques de 2024" (l'accueil des JO à Paris), la Cour des Comptes recommande à l'Etat de revoir la gouvernance de la SGP. Elle prône aussi "une révision du périmètre du projet et de son phasage, faute de quoi il serait contraint d'affecter à l'établissement de nouvelles recettes". "Le schéma d'ensemble n'est pas remis en cause", a indiqué mardi la ministre des Transports Elisabeth Borne au Sénat. Le gouvernement a demandé au préfet de la région Ile-de-France de réfléchir à un phasage du projet. Il devrait donner "le calendrier recalé sur des bases réalistes" dans les prochains jours.