CONJONCTURE. Le secteur du génie climatique, notamment les pompes à chaleur, profitent depuis quelques mois d'une dynamique très positive. Détails.
"Nous constatons une accélération très violente de la transition énergétique dans le génie climatique", a affirmé Pierre-Louis François, président d'Interclima, lors d'une conférence de presse du 18 juin 2019 dédiée au futur Mondial du bâtiment (4-8 novembre prochains). Les acteurs du secteur n'avaient visiblement pas prévu une telle hausse de la demande, probablement motivée en partie par les dispositifs "coups de pouce" sur les chaudières et les pompes à chaleur dites "à un euro" - financés notamment par les certificats d'économies d'énergie (CEE). "Les industriels sont en rupture de livraison", ajoute Pierre-Louis François. "Nous nous organisons aujourd'hui pour faire face à la demande." Les solutions techniques de ce type sont aussi tirées par le contexte réglementaire : future réglementation environnementale 2020 favorisant les solutions bas-carbone et plan de rénovation énergétique des bâtiments.
Pénurie de main-d'œuvre
Cette forme de 'pénurie' touche également l'aval de la filière, distributeurs et installateurs. "Nous sommes face à un très important déficit de compétences et d'installation", précise le président d'Interclima. Des propos qui résonnent avec ceux de Thomas Perrissin, vice-président du Syndicat français des chaudiéristes biomasse (SFCB), publiés dans un récent communiqué de presse : "Les carnets de commandes 2019 sont déjà bien remplis ... Tous les installateurs certifiés Qualibois et RGE répondent aux demandes, mais les délais vont s'allonger car ils sont en sous-effectif!", affirmait-il. "Depuis 2017, nous comptons toujours 2.600 installateurs Qualibois Eau, la certification nécessaire pour installer des chaudières à bois, granulés, bûches ou plaquettes. En trois ans, ce chiffre n'a pas bougé !"
Les professionnels du secteur espèrent profiter de cette dynamique pour attirer davantage de jeunes vers leurs métiers, et plus largement à "redonner des lettres de noblesse à l'ensemble de la filière". Un espace métiers de 100m² sera d'ailleurs ouvert à Interclima, notamment dans ce but, et 500m² seront consacrés aux offres biomasse. Les organisateurs comptent sur la venue de plus de 20.000 artisans/installateurs cette année.
Côté Batimat, Guillaume Loizeaud, directeur du Mondial du bâtiment, a listé un certain nombre de temps forts, où tout a été fait pour rendre les problématiques concrètes, en multipliant les retours d'expérience. "Nous évoluons dans notre regard sur le numérique : il faut en parler en montrant ce que cela change, positivement, dans la vie des gens, à la maison comme au travail", a précisé Guillaume Loizeaud. Au programme, notamment, la remise des Green solutions awards, avant la Cop 25 de novembre 2019, un débat sur les mérites respectifs des "high" et "low" tech, un plateau de plus de 100 start up dans le cadre de la "Construction tech", et la construction d'une maison en bois tout au long de la durée du salon.
Le secteur de la construction "hors-site" lui aussi très dynamique
"Nous allons également créer un 'salon dans le salon' qui traitera du sujet de la construction hors-site", a expliqué Guillaume Loizeaud. "C'est un secteur qui augmente très fortement, et plus de quinze acteurs du secteur ont confirmé leur présence."
La Fédération française du bâtiment (FFB) a, quant à elle insisté sur la question de l'intelligence artificielle, qui pourrait permettre de faciliter de nombreuses taches pour les opérateurs, comme suivre la qualité et le vieillissement des matériaux, renforcer la sécurité sur chantier et faciliter le tri des déchets sur les chantiers. Il y aura, aussi, d'après le président de la FFB Jacques Chanut, un objectif politique lié à ce Batimat 2019. "Ce salon se tiendra à un moment-clé, celui des discussions entourant le projet de loi de finances 2020", a-t-il rappelé. "L'occasion de dire aux décideurs que nous tenons à notre modèle économique." Pour rappel, le secteur s'inquiète des dernières annonces qui pourraient faire porter au BTP la moitié des hausses de charges prévues pour compenser la baisse de cinq milliards d'euros d'impôt sur le revenu.