La verrière de la gare d'Austerlitz fait peau neuve

 

Pour réaliser ces prouesses, un échafaudage de 3.000 tonnes et 12.000 m² a été installé. "C'est le plus grand d'Europe", affirme Patrick Fau, directeur adjoint du projet de Paris Austerlitz à SNCF Gares & Connexions, lors d'une visite le 26 juin 2023. La grande halle, une galerie de 280 mètres de long dotée d'une verrière de 5.500 m², ne sera, elle, visible dans son ensemble qu'en décembre, quand l'infrastructure XXL sera retirée.

 

 

Un ancien parking

 

En attendant, au-dessus des voies, la rénovation est en cours. "Peinture, façades, vitrage, couvertures en bois et zinc… Tout est rénové. Nous refaisons les peintures à l'identique, remplaçons certaines menuiseries par des neuves en respectant leur couleur historique", précise Patrick Fau. Au sommet, des ouvriers posent délicatement la verrière. "Chaque élément - du verre armé - a été découpé et assemblé sur site, et les poutres sont repeintes pour retrouver leur ton d'origine. Des choix qui ont été validés par les architectes des Bâtiments de France", narre Arnaud Cayre, architecte et chef du projet à Arep.

 

"Auparavant, une partie de la grande halle était un parking sur trois niveaux", montre-t-il, d'un geste. Bientôt, ce ne sont pas des voitures mais des piétons qui emprunteront cet espace où des immenses poutres métalliques, symboles de la gare, ont été restaurées. "Nous avons retiré la peinture au plomb qui les recouvrait", continue Arnaud Cayre, pour justifier du nettoyage automatique des chaussures de sécurité des journalistes et ouvriers lors de la visite. "Le chantier est nettoyé tous les jours", insiste, de son côté, Patrick Fau. Une obligation, selon la SNCF, après l'arrêt des travaux durant un mois en juillet 2022 suite à des prélèvements inquiétants de plomb.

 

 

Une modernisation dès septembre

 

Dès le mois de septembre commenceront les travaux de modernisation de la gare, en partenariat avec la RATP et Île-de-France Mobilités, prévus pour se terminer en 2027. Cette refonte complète de la gare vise à améliorer les mobilités, renforcer les connexions entre les modes de transport et densifier l'offre de services et de commerces. Le chantier d'intermodalité a démarré au début de l'année et devrait se terminer avant les Jeux olympiques de Paris 2024.

 

Les espaces seront réaménagés pour améliorer les correspondances avec la ligne de RER C et les métros 5 et 10 grâce à une nouvelle trémie d'escaliers fixes, mécaniques et d'ascenseurs. "Cela permettra le confort et l'accessibilité de tous", estime Patrick Fau. "La halle sera drapée d'un grand socle en bois de chêne de 3.000 m² pour faire le lien entre la zone ferroviaire et le métro", déclare Arnaud Cayre. Les autres modes de mobilités seront également favorisés aux abords de la gare, puisque le dépose-minute et les accès taxis, vélos et bus seront repensés. A cela s'ajoutera la création de 730 emplacements pour vélos.

 

Plus de commerces

 

Par ailleurs, "7.000 m² de commerces et de services verront le jour", indique Jean-Claude Durand, directeur du programme de rénovation. Dans la salle Adami, une "halle gourmande" proposera une offre variée de produits. Une brasserie et un restaurant ouvriront, eux, au sein du Pavillon de l'Horloge. Dans la grande halle, un bâtiment en forme de zeppelin logera un restaurant ou des commerces. Sa forme "est un clin d'œil aux origines de l'édifice, qui avait accueilli des ballons militaires et d'observation durant la guerre franco-allemande de 1870", poursuit Patrick Fau.

 

 

À l'extérieur, l'aile Museum sera végétalisée et deviendra entièrement piétonne. "L'objectif est d'ouvrir la gare sur la ville, en créant des traversées entre la Seine et l'hôpital Pitié Salpêtrière", ajoute Patrick Fau. Des terrasses et commerces y seront aménagés.

 

Des centaines de millions d'euros investis

 

Les chantiers sont menés par SNCF Gares & Connexions et sa filiale d'architecture Arep, en lien avec les architectes des Bâtiments de France. Une centaine de compagnons se charge chaque jour de mener à bien les travaux. "Plus de 400 millions d'euros ont été investis par SNCF Gares & Connexions, et la partie intermodalité est subventionnée par Île-de-France Mobilités à hauteur de trois millions d'euros", détaille Patrick Fau. "Nous avons mis en place un chantier à faibles nuisances pour ne pas perturber les usagers."

 

Avec ses 560 trains, la gare d'Austerlitz compte 65.000 clients par jour. Le projet est dimensionné pour "accueillir jusqu'à 30 millions de passagers annuels", chiffre Jean-Claude Durand, contre 23 millions actuellement. Austerlitz est "une gare du quotidien, où il y a peu de grands départs", explique Patrick Fau. L'infrastructure n'accueille en effet pas de ligne à grande vitesse, elle est plutôt le terminus de la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse et abrite des trains de nuit vers Nice et Tarbes. Durant ces différents chantiers, "l'exploitation des trains n'est pas modifiée", assure Jean-Claude Durand.

 

 

"Ces grands travaux s'inscrivent dans la transformation du quartier avec le projet global de rénovation urbaine de la zone d'aménagement concerté de Paris Rive Gauche, dont la gare sera la porte d'entrée", indique Jean-Claude Durant. La zone hébergera bientôt un ensemble immobilier, édifié le long de la gare. Le projet est contesté par un collectif de riverains, commerçants et écologistes, qui rejette la construction de ce complexe de 300 mètres de long et 37 mètres de hauteur, tertiaire et commercial. Ce dernier réunira en son sein des bureaux, un hôtel, une résidence étudiante, une part de logements et près de 20.000 m² de commerces, avec parkings privé et public. Cinq maîtres d'ouvrage supervisent le projet, dont SNCF Gare & Connexions, pour une enveloppe budgétaire de 900 millions d'euros.