Le chantier de construction du futur échangeur de l'A86 entraînera à partir du 29 mai la déviation de l'A13, l'une des autoroutes les plus empruntées d'Ile de France. Une occasion de faire le point sur le plus grand chantier privé de France.

Sujet de nombreuses polémiques et controverses, le chantier de raccordement de la deuxième grande rocade de Paris commence enfin à se dessiner. A partir du 29 mai et jusqu'à la fin du mois de juillet, il entraînera entre autres la déviation de l'A13 afin de permettre la construction du futur échangeur de l'A86. De nombreux embouteillages en perspectives sur un réseau déjà très chargé. Cet ouvrage sera la seule partie visible du chantier. Voué à faciliter les déplacements de banlieue à banlieue, l'A86 est le plus grand projet privé de France. Son budget est évalué à 10,5 milliards de francs (hors taxe) soit la moitié du coût du TGV méditerranée. D'une longueur de 17 kilomètres, il permettra d'achever le bouclage de la rocade joignant Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) à Versailles (Yvelines). Avec 90% des travaux en sous-sol et des émergences limitées en surface, le chantier est néanmoins discret par rapport à sa taille malgré quelques désagréments.

S'assurer de la confiance du public

En raison des contestations entraînées par le chantier, Cofiroute multiplie les précautions. La société essaie de tout mettre en oeuvre pour faire accepter son projet par le public. L'enjeu est énorme car il s'agit de rentabiliser l'investissement entièrement privé. La société n'a donc pas lésiné, construisant une maison d'informations à Rueil-Malmaison d'un montant de 20 millions de francs. Il s'agit de s'assurer de la confiance du public parfois un peu réticent face à un projet en grande partie souterrain, surtout depuis la catastrophe du Mont-Blanc.

Des mesures de sécurité renforcées

Le tracé retenu comportera en effet 2 tunnels. Un premier tunnel Est, à deux niveaux de circulation surperposés (un dans chaque sens), sera accessible aux véhicules légers. Son diamètre sera de 10,40 mètres permettant une hauteur de seulement 2,55 mètres sous plafond, soit l'équivalent de la hauteur d'un parking sous terrain, pour une longueur de 10 kilomètres. Les conditions de sécurité sont néanmoins renforcées, chaque niveau est étanche et dispose de son propre système de ventilation. En outre, pour des raisons de sécurité, les experts de la direction des routes ont imposé récemment de nouvelles mesures. Le tunnel sera donc doté de refuges tous les 200 mètres, soit le double de ce qui était prévu initialement. Par ailleurs, la circulation se fera sur deux et non pas trois voies, permettant de dégager une bande d'arrêt d'urgence. Quant au second tunnel, de type plus traditionnel, il sera accessible à tous les types de véhicules dont les poids lourds. Il permettra de relier directement Rueil-Malmaison à l'A12. Le tracé en majorité souterrain a été choisi pour répondre aux différentes contraintes : préservation de l'environnement des riverains, de massifs forestiers et de monuments historiques. Il devrait permettre d'alléger le trafic sur la voirie locale d'environ 15%.

Un pari risqué ?

Entièrement privé, l'enjeu économique peut sembler considérable. Il s'agit en effet du premier chantier de France privé et du plus grand chantier européen souterrain. Huit années seront nécessaires à son achèvement. La société Cofiroute, forte des plus grands actionnaires de la route et du BTP, entame un gigantesque chantier qui peut paraître risqué. Il s'agira de la seule section urbaine à péage d'Ile de France. Cofiroute dispose néanmoins d'une concession de 70 ans à partir de la fin des travaux pour rentabiliser son investissement. Les péages permettront de financer le chantier. Mais on peut se demander si le prix élevé du passage ne découragera pas certains usagers. En période de pointe, il faudra payer 29 F pour parcourir 11 kilomètres. Un usager qui empruntera le tunnel quotidiennement pour aller travailler, devra débourser 1200 francs par mois. Par ailleurs, après la catastrophe du Mont-Blanc, rien ne dit que les usagers opteront pour le passage souterrain. D'autant plus que la faible hauteur du tunnel ne favorise pas l'impression de sécurité.

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