D'après le dernier bilan de la RTE, réseau de transport d'électricité, la demande en électricité risque de dépasser la capacité de production française d'ici à cinq ans. Explications.
Une «défaillance» de l'offre par rapport à la demande d'électricité en France, c'est le résultat du bilan des perspectives à long terme de l'équilibre du système électrique, publié vendredi et présenté par Dominique Maillard, le président du directoire de RTE. Dans un entretien accordé au journal Les Echos, il révèle ainsi que dès 2016, la France pourrait être confrontée à une pénurie d'électricité due à une hausse de la consommation. En effet, la crise économique a entraîné un ralentissement de la demande d'électricité, mais cet effet devrait s'estomper peu à peu d'ici à 2015, selon le bilan établi par RTE. En quatre ans, la demande augmenterait ainsi de 0,8% pour le secteur industriel et de 1,3% du côté des particuliers et du secteur tertiaire. Dès 2016, la France devra alors trouver des nouveaux moyens d'approvisionnement en électricité. Un scénario qui prend également en compte une baisse potentielle du nucléaire d'ici à 2030.
RTE anticipe la sortie du nucléaire
En effet, l'hypothèse examinée est celle d'une érosion du parc nucléaire, une consommation progresserait en moyenne de 1,1% par an d'ici à 2015 puis de 0,6% par an d'ici à 2030. «Cette inflexion autour de 2015 est due à l'impact grandissant des mesures d'efficacité énergétique (éclairage, isolation, moteur) et ce malgré le développement d'usages de l'électricité : chauffage électrique (par convecteurs puis par pompes à chaleur), multimédia, cuisson et transport électrique», explique le bilan. La consommation serait ainsi de 494 TWh en 2013, 523 TWh en 2020 et 554 TWh en 2030. Les puissances de pointe lors de vagues de froid poursuivaient une croissance soutenue à moyen terme avec plus de 101 GW à la pointe décennale en 2013, 107 en 2020 et 113 en 2030, hors effacement. Dans son bilan, la RTE a ainsi misé, pour 2030, sur une production de 40 gigawatts par les centrales françaises dont la capacité s'élève aujourd'hui à 65 GW, rapporte Les Echos. «Ce scénario pourrait correspondre à une durée d'exploitation des centrales actuelles de quarante ans, avec le remplacement ou la prolongation d'une tranche sur deux. Soit une part de l'atome légèrement supérieure à 50 % dans le mix énergétique», explique Dominique Maillard.
Vers un développement des énergies renouvelables
Face à cette baisse de production, la France devra alors effectuer un réajustement dans sa demande d'énergie et miser sur le développement des énergies renouvelables: «Nous aurons besoin de 40GW de capacité éolienne et de 25GW de capacité photovoltaïque. Les renouvelables représenteraient ainsi 38% du bouquet énergétique», précise le patron de RTE. Par ailleurs, les estimations de ce scénario montrent également «qu'il faudra quasiment doubler les capacités d'interconnexions avec nos voisins, les portants de 14.000 MW à 28.000 MW».
A plus long terme, les «analyses prospectives» en 2020 et 2030 reposent sur l'hypothèse d'un maintien des puissances thermiques existantes auxquelles s'ajoute le cycle combiné à gaz (CCG) en réponse à l'appel d'offres de l'État en Bretagne. Le développement des énergies renouvelables apparaît donc supérieur à la croissance de la consommation limitant le besoin en puissance de production ou d'effacement.