Dans son évaluation de la durabilité des systèmes énergétiques nationaux, le Conseil mondial de l'énergie classe les pays selon l'accès des populations à l'électricité et selon le taux d'énergie carbonée utilisée. Et la France tire son épingle du jeu. Découvrez sa position.
Le classement "Trilemme énergétique" repose sur un indice triple mettant en avant les politiques nationales permettant de fournir une énergie sûre, abordable et respectueuse de l'environnement. Il est établi par le Conseil mondial de l'énergie en collaboration avec le cabinet de conseil Oliver Wyman et le Global Risk Center (Marsh & McLennan) et compare 125 pays du monde. Sur ce panel, seuls 13 arrivent à décrocher un "triple A", synonyme d'excellence énergétique et de durabilité du modèle.
Première constatation, l'Europe fait figure de modèle : neuf pays du Vieux continent figurent dans le top 10, "démontrant le succès de la coopération sur le long terme de l'Union européenne en matière de politique énergétique et climatique d'ici à 2020", souligne le Conseil. Le trio de tête est composé du Danemark, de la Suisse et de la Suède. Le champion en titre décroche même la meilleure note pour la catégorie "Sécurité d'approvisionnement énergétique". Ce trio est suivi par les Pays-Bas, l'Allemagne et la France. L'Hexagone réussit l'exploit de tenir tête à d'autres pays réputés pour leur ambition environnementale comme la Norvège, la Finlande et l'Autriche. Le Luxembourg, qui ne figure pas dans ce peloton de tête, demeure toutefois le pays le plus "équitable" en termes d'accès à l'énergie et de tarification. Seul pays non européen à s'immiscer dans le haut du tableau, la Nouvelle-Zélande décroche une honorable 9e place, synonyme de titre honorifique de championne de toute l'Asie-Océanie. L'ensemble de ce continent, qui fait face à une croissance rapide de la demande, devra diminuer sa dépendance aux importations et augmenter l'utilisation des renouvelables.
La solution : l'électricité renouvelable
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En Amérique latine, c'est l'étonnant Uruguay qui rafle le titre régional "après avoir opéré une transition réussie", tandis qu'au Moyen-Orient, Israël devance largement ses voisins. Cette région géographique, qui rassemble environ 50 % des ressources mondiales en pétrole et en gaz naturel, comporte en effet un ensemble de pays aux performances environnementales faibles, dont les mix ne sont pas diversifiés et qui ont une intensité énergétique démesurée. Les Emirats arabes unis y font figure de chef de file grâce à des efforts de diversification remarqués par le Conseil mondial de l'énergie. Enfin, en Afrique, c'est la petite île Maurice qui s'avère être la plus performante. La Mauritanie, le Gabon et l'Afrique du sud constituent un trio régional "qui enregistre encore les plus bas niveaux d'accès à l'énergie, malgré une forte dotation en ressources et un potentiel en énergies renouvelables". Ils devront donc investir pour bâtir un véritable réseau capable d'améliorer la situation et se doter de capacités institutionnelles adéquates. Il faut noter que plusieurs pays développés figurent sur une "liste de surveillance négative" pour leur contreperformance, comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni.
L'étude du Conseil mondial de l'énergie révèle également que l'accès à l'électricité à globalement progressé depuis l'an 2000 (+5 %), tout comme la part des renouvelables dans le mix mondial. Elles représentent désormais près de 10 % de l'énergie primaire globale, faisant diminuer l'intensité CO2 à 0,27 tonne/dollar de richesse créé. "D'après le nouveau rapport de l'Indice du Trilemme Energétique (…) les résultats démontrent que les pays mettent en place davantage de systèmes énergétiques durables en répondant simultanément aux trois dimensions : la sécurité énergétique, l'équité énergétique et la durabilité". John McNaughton, le président exécutif du rapport, déclare : "L'accès à l'énergie et au changement climatique n'a jamais eu autant d'importance qu'à l'heure actuelle, suite à l'accord de la COP21, les objectifs de développement durable des Nations unies portant sur l'énergie et l'attention accordée à ces questions par le G20. Ce changement dans les priorités énergétiques apporte une meilleure diversité au mix énergétique mondial, aidant à renforcer la sécurité en matière d'approvisionnement tout en augmentant la durabilité". Il est prévu que la demande mondiale d'énergie augmente encore de +46 % d'ici à 2060, principalement portée par les besoins en électricité.