L'Hexagone a reculé au classement des pays les plus attractifs pour les énergies renouvelables, selon le cabinet EY. Elle demeure cependant bien ancrée dans le Top 10 mondial, et devance tous les autres pays européens à l'exception de l'Allemagne. Explications.

Les Etats-Unis, la Chine et l'Inde demeurent, à ce jour, les pays les plus favorables aux investissements dans les énergies renouvelables. Dans un classement annuel, établi par le cabinet EY, ces trois immenses nations trustent en effet les trois premières places dans bon nombre de secteurs différents comme l'éolien terrestre, le solaire photovoltaïque ou la biomasse. La France, elle, pointe à la huitième position, en recul par rapport à l'édition précédente. Mais cette performance moyenne est à relativiser : dans le top 10 des pays les plus favorables aux renouvelables, l'Allemagne - la championne européenne - n'arrive que cinquième. Et l'Hexagone devance finalement tous les autres pays du vieux continent comme le Royaume-Uni (13e), le Danemark (15e) ou la Suède (21e), pourtant connue pour son engagement environnemental.

 

Le cabinet EY explique : "L'approche non volontariste, voire rétrograde, du gouvernement anglais, en matière de politique énergétique, continue d'aller à contrecourant de la tendance au soutien des renouvelables. Cela ne fait pas que bloquer le développement des projets et les investissements, cela remet en cause la sécurité de l'approvisionnement énergétique du pays". De même, pour l'Allemagne, les auteurs du baromètre estiment que "la proposition de limitation des renouvelables à 40 ou 45 % du mix énergétique global induit une incertitude significative sur la demande de long-terme en Allemagne, particulièrement dans l'éolien terrestre". Pour le cas français, le consultant Alexis Gazzo, associé en charge des énergies renouvelables chez EY, contacté par l'AFP, précise que les tergiversations autour de la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) "peuvent avoir contribué à ce positionnement plus en retrait".

 

Un accessit pour les énergies marines françaises

 

La France apparaît à la neuvième ou dixième place dans bon nombre de catégories étudiées (éolien terrestre, éolien offshore, solaire photovoltaïque, biomasse), qui reflètent son classement général. Elle figure en retrait sur plusieurs secteurs, dont l'énergie solaire à concentration, la géothermie et la petite hydroélectricité, où sa position oscille entre la 17e et la 21e place. En revanche, du côté des énergies marines renouvelables (hydrolien, houlomoteur, marémoteur…), le pays affiche une belle cinquième place, se permettant même de devancer les superpuissances comme la Chine (6e) ou les Etats-Unis (8e). Le dynamisme des sociétés françaises dans le secteur (DCNS, Sabella) n'y serait pas étranger : le ministère de l'Environnement vient d'ailleurs de lancer un premier appel d'offres pour des fermes commerciales de machines hydroliennes.

 

Particularité du classement : l'Amérique latine apparaît comme très attractive aux renouvelables avec le Chili (4e) qui a détrôné l'Allemagne, le Brésil (6e) et le Mexique (7e) qui passent devant la France. Le cabinet EY analyse : "Bien que le marché soit relativement petit en valeur absolue, le Chili continue d'attirer nombre de projets à plusieurs GW de puissance, et il s'agit d'un des premiers marchés mondiaux à permettre une compétition économique saine entre les différentes sources d'énergie. (…) Le Mexique a mis aux enchères plus de 2 GW de puissance éolienne et solaire qui ont été attribués à des prix très compétitifs, s'appuyant sur des conditions macroéconomiques déjà solides, sur un programme de réforme énergétique ambitieux et sur une nécessité de diversification des sources d'énergie". Même l'Argentine fait une entrée remarquée dans le classement, directement à la 18e place : son programme de réforme économique et réglementaire est salué par les spécialistes puisqu'il fixe un ensemble d'objectifs, d'incitations fiscales et d'appels d'offres qui assurent une bonne visibilité de sa politique énergétique sur le long terme. Des mesures que réclame le Syndicat français des énergies renouvelables (SER) depuis longtemps.

 

Le classement par énergie renouvelable :
- Eolien terrestre : 1er Etats-Unis ; 2e Chine ; 3e Brésil ; (France : 9e)
- Eolien offshore : 1er Chine ; 2e Allemagne ; 3e Grande-Bretagne ; (France : 9e)
- Solaire photovoltaïque : 1er Etats-Unis ; 2e Inde ; 3e Chine ; (France : 9e)
- Solaire à concentration : 1er Etats-Unis ; 2e Afrique du Sud ; 3e Chili ; (France : 19e)
- Biomasse : 1er Chine ; 2e Etats-Unis ; 3e Inde ; (France : 10e)
- Géothermie : 1er Indonésie ; 2e Etats-Unis ; 3e Kenya ; (France : 17e)
- Petite hydroélectricité : 1er Chine ; 2e Inde ; 3e Brésil ; (France : 21e)
- Energies marines : 1er Grande-Bretagne ; 2e Corée du sud ; 3e Irlande ; (France : 5e)

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