Les Français seraient-ils trop sentimentaux envers leur meuble ? Selon l'enquête de l'institut de promotion et d'études de l'ameublement, il semblerait que oui. S'ils gardent, en moyenne, une cuisine pendant 23 ans et une table pendant 19 ans, ils se montrent encore plus réticents au moment de les jeter. Détail et analyse.
Les meubles forment l'intérieur des logements, ils façonnent et aménagent l'habitat en leur donnant du caractère et une identité. Chinés dans une brocante, achetés dans un magasin ou encore construit sur mesure par un menuisier, ils font partie d'une histoire, d'un coup de cœur ou encore d'un choix réfléchi et de dépenses calculées.
C'est peut-être pour toutes ces raisons que les Français ont tant de mal à s'en séparer. Selon la dernière enquête* de l'institut de promotion et d'études de l'ameublement (IPEA), ils aiment leur meuble. Chiffres à l'appui, ce constat est sans appel. Ainsi, les acheteurs conservent leur cuisine intégrée 23 années avant de la changer. Cet âge moyen s'établit à 19 ans pour une table de séjour, 18 ans pour une chaise, 15 ans pour un canapé, 13 ans pour une armoire ou un matelas, 9 ans pour une bibliothèque et étagère et 8 ans pour le mobilier urbain. Outre l'aspect affectif, l'effet budgétaire entre en compte : «Le meuble est un bien d'équipement et non pas un produit de consommation courante», explique Jean-Charles Vogley, directeur de la Fédération française du négoce de l'ameublement et de l'équipement de la maison (FNAEM). Avant d'ajouter : «Durant longtemps, on a eu une copie de style opposé au renouvellement avec des meubles patrimoniaux qui étaient transmis de générations en générations. Depuis quelques temps, on est passé à des meubles contemporains et des effets de mode, ce qui pourrait changer la donne dans les années à venir».
Une seconde vie pour les meubles
En attendant, les Français sont conservateurs et cet attachement se traduit dans le remplacement de leur meuble, qu'ils ont du mal à jeter. Ils sont près de 47% à donner ou à réutiliser leurs différents objets : «Il y a assurément un souci d'économie avec un pourcentage qui réutilise leur meuble par défaut et une partie pour qui cela semble plus facile de les garder plutôt que s'en débarrasser. C'est pourquoi d'ailleurs, nous travaillons actuellement sur la conception d'une éco-filière, qui devrait voir le jour courant 2011», souligne Jean-Charles Vogley.
Concernant le reste, environ 38% des personnes interrogées se sont débarrassées de leurs meubles via les tournées de collectes des encombrants, 10% les ont fait reprendre par les magasins, 1,7% les ont revendus et seulement 1% en ont fait don à des associations caritatives et 0,9% les ont jetés à la poubelle.
Si aujourd'hui, l'engouement pour la décoration est certaine et l'offre de meubles diverse (couleurs, design, rustiques, modernes…), les Français restent néanmoins les moins grands consommateurs en Europe, «peut-être une question d'habitude culturelle», conclut le directeur de la FNAEM.
* Enquête téléphonique réalisée par l'IPEA en mai 2010 auprès des 800 acheteurs récents de mobilier domestique, à la demande de la FNAEM et de l'UNIFA (Union nationale des Industries Françaises de l'ameublement).