Plusieurs centaines d'ouvriers travaillent en ce moment sur le chantier de « l'Iceberg » de Frank Gehry, au cœur du bois de Boulogne. Pourtant, l'édifice commandé par le groupe LVMH n'a toujours pas de permis de construire validé ! C'est donc devant la cour d'appel administrative que se sont retrouvés, vendredi dernier, les représentants du groupe de luxe et ceux de la Coordination pour la sauvegarde du bois de Boulogne. Explications.
Les travaux sont déjà bien avancés, la structure atteint désormais près de 28 mètres de haut, l'immense verrière qui couvrira la structure est prête à être installée… Mais le bâtiment de la future Fondation LVMH, installée en plein cœur du bois de Boulogne (Paris), qui doit être livré à la fin de l'année 2013, n'a toujours pas son sésame officiel, comprenez son permis de construire !
Cette situation paradoxale est le fruit d'une bataille qui dure depuis cinq ans maintenant entre le groupe de produits de luxe dirigé par Bernard Arnault (LVMH), soutenu par la Ville de Paris, et quelque 17 associations qui se battent pour le « respect du bois et de son environnement » regroupées sous la Coordination pour la sauvegarde du bois de Boulogne. Ainsi, en août 2007, LVMH obtient le permis de construire pour ce qui doit être un temple de l'Art contemporain. Mais les associations déposent des recours pour le faire annuler… et obtiennent finalement gain de cause en janvier 2011. Une première victoire pour les opposants au projet pharaonique conçu par le père du musée Guggenheim de Bilbao, Frank Gehry. Le projet est sauvé, un mois plus tard, par le Parlement qui, dans le cadre d'une loi sur le livre numérique, adopte un amendement dit « cavalier » déclarant que le projet « répond à un but d'intérêt général suffisant ». Les juges constitutionnels sont saisis d'une Question prioritaire de constitutionnalité (QPC) déposée par les associations. En avril 2011, le tribunal administratif autorise la poursuite des travaux. Enfin, en février 2012, le Conseil constitutionnel donne son feu vert pour le permis de construire du musée LVMH. Mais le rapporteur public recommande à la cour administrative de « déclarer cette validation législative contraire au principe du procès équitable garanti par la Convention européenne des droits de l'homme », précise l'AFP.
Une démolition peu probable
L'audience de ce vendredi 1er juin, devant la cour administrative, devait revêtir « un aspect très technique », selon les termes de LVMH, cité par l'AFP. Le groupe devait s'attacher à réfuter les neuf points urbanistiques litigieux soulevés par la Coordination de sauvegarde. Parmi eux, des questions sur le caractère de voie publique d'une allée qui borde le chantier ; le débat sur le respect par le bâtiment de la hauteur autorisée (l'édifice devrait s'élancer sur 46 m de haut, ndlr) ; ou encore le non-respect des limites de séparation des parcelles. « Même si on n'imagine pas pouvoir obtenir la démolition de ce bâtiment, qui est une masse de béton épouvantable, nous réclamons une justice équitable », soulignait le président de l'association de défense dans les colonnes du Parisien. Selon l'AFP, la cour dira dans 15 jours si elle valide ou non le permis de construire de ce « vaisseau dans les arbres » dixit Frank Gehry.
Qualifié d' « enchâssement de boîtes de conserve » par ses détracteurs, la Fondation LVMH sera dotée d'une immense verrière de douze voiles de verre. La surface vitrée de 3.600 panneaux couvrira l'ensemble du bâtiment sur 13.500 m2 et culminera à 46 m au-dessus du sol. L'investissement initial du projet s'élevait à quelque 100 M€, mais les nombreux combats juridiques ont certainement dû faire exploser la note, suppose Le Parisien. Le chantier, qui devait s'achever cette année, est finalement reporté à fin 2013.