Dans les îles bretonnes plus d'un logement sur deux est une résidence secondaire et les prix se sont envolés au point d'inquiéter les élus qui misent sur la prochaine création d'un Etablissement public foncier régional afin que les îliens ne soient pas réduits à l'exode.

"Entre 2001 et 2004, le prix du mètre carré a été multiplié par deux voire plus et ce n'est pas fini", note Yves Brien, conseiller général et maire de Palais à Belle-Île (Morbihan) où la population passe de 4.800 habitants en hiver à 30.000 en été.
"C'est bien d'accueillir les touristes. Mais au rythme où vont les prix il n'y aura plus personne pour le faire dans quelque temps", déplore son adjointe chargée de l'urbanisme Sophie Blanchard.

Selon une enquête réalisée par la Cellule économique de Bretagne, les îles bretonnes comptaient en 2001 6.300 résidences secondaires sur un parc total de 12.113 logements.
Une forte augmentation a été constatée à partir de 1997 et ces résidences sont presque entièrement des maisons individuelles classées en catégorie "ordinaire à assez confortable".

Le plus souvent à l'âge de la retraite, les propriétaires sont en majorité d'origine parisienne (31%), notamment présents à l'Île-aux-Moines, Belle-Île et Bréhat où une maison "au confort très spartiate" se négocie à plus de 3.000 euros le m 2, selon l'étude notariale Lambert et Drouin à Paimpol (Côtes d'Armor), interrogée par l'AFP.
Les autres propriétaires viennent pour 43% des autres régions de France - Normandie et Pays-de-la-Loire notamment. Les Bretons représentent 24% et les étrangers - Belges, Allemands et Néerlandais - 2%.

Dans le flux des constructions nouvelles, le taux des résidences secondaires est de 57 % sur les îles, contre 17% sur le littoral et 8% sur l'ensemble de la Bretagne..
"Les îles ça fait rêver et les terrains sont cannibalisés par les gens fortunés venus de Paris et d'ailleurs alors que les îliens, eux, n'ont pas plein d'euros dans les poches", observe Jean-Yves Pannet, maire de Locmaria, à Belle-Île, et président de l'association des îles du Ponant, selon lequel "le problème du logement freine aujourd'hui, plus que l'emploi, le développement de l'île".
"Le problème du foncier dans les îles s'est aggravé ces dernières années et comme il n'y a pas de solution de repli, le coût actuel interdit aux jeunes insulaires d'acquérir une maison, voire de se loger", note de son côté le directeur de l'association, Pierre-Philippe Jean.

Les élus fondent désormais leurs espoirs sur la création prévue en 2005 d'un Etablissement public régional foncier, un projet piloté par Michel Balbot.
"L'établissement, financé notamment par une dotation des adhérents et une taxe spéciale d'équipement, a pour objectif de promouvoir l'offre publique en matière de foncier. Il va jouer un rôle de régulateur sur les prix en achetant des biens qui seront revendus à un même prix après des années", selon M. Balbot.

Revendiquant l'idée d'une "réserve foncière" au profit des insulaires, le maire de Palais préfère lui miser sur la location pour anticiper le problème des "couples qui se défont" et se retrouvent en position de vendre leur logement.
"J'aurai une politique qui consiste non pas à revendre les logements mais à les confier à des organismes comme les HLM qui vont les louer", propose-t-il.

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