FORMATION INITIALE. L'organisation professionnelle et le groupe d'écoles d'ingénieurs publiques s'engagent dans un partenariat afin d'accélérer la transition écologique dans les travaux publics, de sensibiliser et de former les futurs professionnels très en amont autour des questions et solutions qu'elle implique.
Distiller une culture de la transition écologique dans les travaux publics dès la formation des futurs professionnels afin d'accélérer la transformation du secteur. Cela semble être le sens du partenariat que viennent de conclure la FNTP, le groupe Insa, qui réunit 7 écoles publiques formant des ingénieurs, des architectes et des paysagistes, et sa fondation.
Annoncé à la fin du mois de mai 2023, cet accord "inédit entre une fédération professionnelle et une fondation de l'enseignement supérieur" selon Christian Nibourel, président de la fondation Insa, mobilisera 1,25 million d'euros sur cinq ans. Et il se déclinera sous différents aspects.
Une chaire et des actions pour la féminisation et l'attractivité du secteur
Il se matérialisera tout d'abord par la création d'une chaire de recherche, baptisée "Transition environnementale dans le secteur des travaux publics : vers des chantiers décarbonés et des infrastructures durables". Dotée de 200.000 euros par an sur la durée du partenariat, cette chaire sera pilotée par un conseil scientifique et un comité stratégique fédérant les expertises des laboratoires de l'Insa, de la FNTP et d'intervenants extérieurs. Une douzaine de projets de fin d'études pourront être financés, "pour défricher et amorcer des sujets porteurs pour les futures thèses". Environ la moitié de ces thèses de doctorat seront aussi financées sur les cinq ans.
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La chaire abordera des thématiques qui "recouvrent nombre de nos principaux chantiers pour parvenir à un secteur neutre en carbone d'ici 2050", souligne Xavier Neuschwander, co-président du comité stratégique de la chaire et président de la commission Technique et Innovation de la FNTP. Ces thématiques sont au nombre de trois : prédiction et durée de vie des matériaux recyclés et le vieillissement des infrastructures ; traitement, recyclage et valorisation des déchets inertes ou issus de déconstruction, de démantèlement, de désamiantage ou du traitement des sols ; chantiers propres et la perception des riverains sur la pollution sonore, l'air et l'eau.
Le partenariat se penche sur deux autres enjeux clés pour le secteur, à savoir la féminisation des postes de direction et la promotion des métiers. Des actions de sensibilisation seront ainsi conduites auprès des étudiants des 7 Insa, notamment auprès des jeunes femmes, autour des perspectives professionnelles que peuvent leur apporter le secteur.
La formation, un levier essentiel
Pour l'Insa, qui forment "plus de 2.000 étudiantes et étudiants, soit 10% de nos effectifs, dans des spécialités en lien avec les métiers représentés par la FNTP", cet accord s'inscrit dans une démarche d'évolution de ses formations initiales, afin de mieux intégrer les enjeux socio-écologiques, autour d'une approche systémique et transdisciplinaire. "Il concerne des enjeux essentiels pour nos institutions et notre société", insiste Bertrand Raquet, président du groupe et directeur de l'école de Toulouse. Tandis que Christian Nibourel vante la possibilité de "développer des coopérations de recherche à fort impact de transformation pour la filière et de promouvoir les valeurs d'ouverture et de diversité dans les métiers" du BTP.
Du côté de la FNTP, ce partenariat vient compléter des initiatives déjà engagées. Alors que le secteur compte réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40% à l'horizon 2030, et atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050, "la formation tant des professionnels d'aujourd'hui que de demain, est fondamentale", estime ainsi Bruno Cavagné, président de l'organisation professionnelle. En ce sens, la fédération a d'ailleurs commencé à déployer, depuis début 2023, un plan de formation sur le sujet pour les professionnels.