IMMOBILIER. La Fnaim s'inquiète de la hausse importante du nombre de logements vacants, ces dernières années. Et affiche par ailleurs sa confiance dans la tenue des ventes de logements anciens en 2018.
"La part de logements vacants s'est considérablement accrue depuis dix ans." C'est Jean-Marc Torrollion, président de la Fnaim, qui l'a affirmé lors d'une conférence de presse de conjoncture qui s'est tenue le 10 janvier 2018, à Paris. Aujourd'hui, d'après l'Insee, la France compte 3 millions de logements vacants, soit 8,4% du parc (environ 6,4% en 2005). "Nous ne manquons pas de logements, en France, si l'on considère le fait que chaque année nous en délaissons environ 100.000", affirme le responsable. Des produits considérés comme obsolète, ou situés trop loin d'une zone d'activité économique. Les habitants préfèrent s'installer en périphérie, au sein de logements construits aux dernières normes et près des centres commerciaux, plutôt que d'investir les centres-bourgs à rénover.
Quelles solutions la Fnaim propose à cette problématique, qui fait l'objet de l'attention du Gouvernement (qui a présenté un plan villes moyennes récemment) ? "Ne faudrait-il pas envisager des démolitions reconstructions sur une grande échelle ?", se demande l'organisation. "Mais agir sur l'habitat ne suffira pas. La reconquête des centres passera aussi par des politiques publiques volontaristes agissant sur l'amélioration, entre autres, des transports publics et le retour des commerces de proximité. Politiques qui, dans le contexte actuel de finances limitées pour les collectivités locales ne pourront être mises en oeuvre qu'avec le soutien vigoureux de l'État !"
Dans l'ancien, une croissance "digne de l'industrie du Web"
Au-delà de ce constat, la Fnaim a également fait le point sur l'année écoulée et tracé quelques perspectives pour 2018. "Il est à noter que l'élection présidentielle n'a eu aucun effet négatif sur l'activité. Cela a même produit un petit peps de confiance dans le pays", affirme Jean-Marc Torrollion. 2017 s'achève sur le chiffre exceptionnellement élevé de 986.000 transactions dans l'ancien, soit une hausse de 42% en trois ans ! "C'est une croissance digne de l'industrie du Web", s'enthousiasme le président de la Fnaim.
Toute la France a bénéficié de cette hausse d'activité - +48% sur trois ans pour l'Île-de-France, +41% en province. Le marché se situe donc à un niveau de 239 milliards d'euros (147 milliards d'euros en 2014).
Inflexion du pouvoir d'achat
Les prix ont continué à augmenter en 2017, +4,9% pour les appartements et +3,7% pour les maisons. Mais, rappelle Jean-Marc Torrollion, il ne s'agit là que d'un rattrapage à la suite de la crise économique de 2008. "Hors inflation, les prix 2017 n'ont retrouvé leur niveau d'avant-crise qu'en Île-de-France", explique la Fnaim.
Toutefois, le pouvoir d'achat des particuliers, même s'il reste à un niveau "exceptionnellement élevé", a diminué en 2017. "Les acheteurs ont perdu en moyenne l'équivalent d'une belle salle de bains", résume le président (-4,5m² à Paris ou -1,8m² à Marseille). L'un des principaux facteurs de cette baisse est l'augmentation de 0,16 point des taux, à 1,66%.
Bientôt l'ouverture du chantier de la copropriété
Qu'en sera-t-il en 2018 ? Le dynamisme devrait être maintenu, et les prix augmenter à nouveau de 2%, ce qui correspondra selon l'organisation au "rattrapage de l'inflation sur cinq ans". La bonne tenue du millésime dépendra en grande partie des acheteurs hors-primo accédants, qui représentaient en 2017 la moitié du montant des crédits immobiliers engagés. Les primo-accédants pourraient, eux, être refroidis par une hausse des taux et des prix. "Il faudra également surveiller la confiance des ménages et le niveau d'emploi", avertit Jean-Marc Torrellion.
Enfin, l'année 2018 est également placée sous le signe des travaux législatifs : le projet de loi Logement ("Elan"), autour duquel se déroulent actuellement des réunions au Sénat dans le cadre de la recherche d'un consensus. Mais aussi le chantier de la copropriété. "Nous souhaitons y participer largement dans le cadre d'une corproduction", espère la Fnaim.
Le bail mobilité pourrait ne pas rencontrer le succès espéré par le Gouvernement. Dans sa mouture finale, pouvant atteindre une période de dix mois, il ressemble de trop près au bail d'un meublé (et est d'ailleurs réservé aux meublés). Par ailleurs, la Fnaim demande la réécriture de l'article de loi qui le régit. "Il y est en effet indiqué que si le locataire reste dans les locaux à l'issue du bail, cela en déclenche un nouveau." Il ne serait ainsi pas dit assez clairement que le locataire est déchu de ses droits à habiter dans l'appartement.