C'est en entourant le lieu de construction avec un collier de fleurs long de 2 kilomètres, qu'une vingtaine d'associations culturelles et de protection de la nature ont manifesté, samedi à Tahiti, contre un projet immobilier et hôtelier sur le site de Taata.
Le ministre polynésien de la culture, Marius Raapoto, ainsi que 2.000 personnes étaient présents lors de cette manifestation dont le but était de souligner l'opposition des associations au projet touristique, « sur le lieu probablement le plus sacré de l'ensemble de la Polynésie », a expliqué M. Raapoto. « Un lieu sur lequel il est totalement exclu que l'on fasse quoi que ce soit sans dialogue, respect ou ouverture », a-t-il ajouté.
Lieu de passage d'envol des âmes
Le site de Taata, aux portes de Papeete, sur la côte ouest de l'île de Tahiti, est en effet considéré dans la mythologie polynésienne comme le lieu de passage, d'envol des âmes qui, après la mort, ont besoin de calme, de sérénité, pour se détacher des humains et continuer leur voyage.Les terres où se trouve la pointe de Taata appartiennent à un groupe hôtelier qui, depuis 1999, souhaite y construire un projet immobilier de 4 immeubles avec parking et route d'accès. Face à une opposition grandissante, les promoteurs avaient décidé d'y ajouter un centre culturel "pour honorer ainsi l'histoire du site", avaient-ils expliqué.
"Taata n'est pas Disneyland", ont répondu les opposants au projet, qui ont rappelé qu'à Hawaï, le point d'envol des âmes est classé "réserve naturelle de l'Etat", et qu'en Nouvelle-Zélande, un lieu similaire au Cape North est déjà protégé par l'Unesco.