Selon les dernières données de l'ARAPL et de l'UNASA, en 2015 les revenus des architectes libéraux stagnent après plusieurs années de baisse consécutives. L'étude Archigraphie détaille les revenus des professionnels de l'architecture. Combien gagnent-ils ? Homme, femme, jeune, qui gagne le plus ? Réponse.
"Il semble qu'on soit sur une bonne voie pour sortir de la crise", estime François Rouanet, Vice-président du CNOA. L'Ordre vient de publier la deuxième édition de son étude Archigraphie sur la profession d'architecte. Nombre de professionnels, leur profil, leur rémunération, sous quel statut travaillent-ils, quelles sont les perspectives pour la profession ? C'est à travers l'ensemble de ces questions que le CNOA dresse un état des lieux de la profession. Toute la semaine, nous vous proposons de découvrir les grandes thématiques et les tendances dévoilées dans cette étude menée par le Crédoc pour le CNOA. Commençons cette série par le délicat sujet de la rémunération.
L'étude Archigraphie montre que depuis 2008, le revenu moyen des professionnels de l'architecture peine à se redresser et à retrouver le niveau le plus haut de 2007 (50.543 €). Ainsi, selon les chiffres de la CIPAV (relatives aux professions libérales), en 2014 le revenu moyen était de 42.164 euros, contre 48.276 en 2008. Mais "cette tendance pourrait s'inverser", nous confie en avant-première François Rouanet, ce lundi. En effet, alors qu'en 2014, les revenus moyens des architectes libéraux ont continué de chuter, les dernières données de l'ARAPL et de l'UNASA, annoncent la fin de la baisse des revenus des architectes, nous dit-il. Si cette nouvelle est encourageante, il tempère : "mais nous sommes encore loin de ce que les revenus ont été avant la crise". Il regrette aussi qu'ils soient "désolants pour une grande partie de la profession".
De fortes disparités entre architectes
En effet, l'étude pointe des écarts importants au sein de la profession, perceptibles à travers les chiffres présentant l'évolution des revenus moyens et du revenu médian entre 2002 et 2014. Ainsi, alors que les revenus moyens sont de 42.164 euros, les chiffres montrent que la moitié des architectes ont un revenu (Bénéfice non commercial) inférieur à 26.620 euros. Concrètement, le Vice-président du CNOA nous explique que 25% des architectes libéraux sont très bien payés et tirent donc les revenus moyens vers le haut. Et lorsque l'enquête détaille les revenus par quartiles, elle révèle qu'en 2014, 25% d'entre eux ont des revenus inférieurs à 9.700 euros.
Plusieurs facteurs expliqueraient ces inégalités de revenus. Premier constat, toutes les catégories d'âge ont été impactées par la crise, note l'étude. François Rouanet complète et indique que les jeunes et les architectes en fin de carrière gagnent moins bien. Les jeunes parce qu'ils doivent se faire connaître et les architectes en fin de carrière parce qu'ils lèvent souvent le pied, nous explique le vice-président du CNOA.
Très fort écart entre hommes et femmes
L'étude révèle aussi que les écarts de revenus entre hommes et femmes restent "très forts" mais qu'ils peuvent s'expliquer en partie par "la structure par âge de la population des architectes différente chez les hommes et les femmes, ainsi qu'un travail à temps partiel plus fréquent chez les femmes ou encore un type d'activité différent". En effet, "les femmes sont sous-représentées parmi les architectes libéraux et associés tandis qu'elles sont très présentes au sein des catégories des fonctionnaires et des salariés", précise l'enquête. Les chiffres de la CIPAV indiquent qu'en 2014 les revenus moyens des hommes est de 47.469 € et de 26.924 € pour les femmes. Plus l'âge augmente et plus l'écart se creuse. Ainsi, pour les moins de 35 ans, les femmes sont à 19.207 € et les hommes 25.081 €. De 35 à 44 ans, les femmes sont à 24.908 € et les hommes 39.772 €. De 45 à 55 ans, les femmes ont un revenu moyen de 30.771 € et les hommes de 52.620 €. Enfin, de 55 à 64 ans, les femmes stagnent à 31.452 € alors que les hommes continuent de voir leur revenu moyen augmenté à 55.506 €.
En conclusion, François Rouanet considère que "l'architecture est mal traitée dans notre pays" et qu'il faudrait "être plus attentif à l'urbanisme et mieux considérer les professionnels de l'architecture et que cela passe aussi par les revenus".
=> Demain, nous poursuivrons cette série sur la profession d'architecte avec les statuts des architectes libéraux.