VERBATIM. Lors de la présentation du réseau de centres de recyclage Granulat+, Christophe Jozon, directeur matériaux France d'Eurovia, s'est exprimé sur la création d'une responsabilité élargie du producteur (REP) qui pourrait finalement aussi concerner les déchets inertes du BTP.
Il y a quelques jours, dans les colonnes de Batiactu, des acteurs des travaux publics et de l'industrie des carrières et des matériaux faisaient part de leur inquiétude : alors qu'ils se pensaient épargnés par la mise en place d'une filière REP (responsabilité élargie du producteur) dans le bâtiment, un document de l'Ademe leur laissait craindre une volte-face concernant les déchets inertes. Ce qui pourrait fragiliser les plateformes de recyclage déjà en place, constituant une filière jugée efficace. Eurovia est l'un des acteurs de cette filière, avec 260 sites impliqués en France. Alors que l'entreprise s'engage dans une démarche plus ambitieuse en matière d'économie circulaire, afin de doubler sa production de granulats recyclés, et lance autour de 130 de ses plateformes le réseau Granulat+, Christophe Jozon, directeur matériaux France d'Eurovia, revient sur les inquiétudes et les objectifs du secteur.
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Objectifs partagés
"Nous partageons évidemment l'ambition et les objectifs de la loi sur la lutte contre le gaspillage et l'économie circulaire, en particulier concernant les déchets. Nous sommes d'ailleurs au-delà des objectifs puisque nous parvenons à un taux de recyclage de 76% dans le secteur. La question est donc de savoir quel serait le système le plus efficace pour continuer à progresser."
Gratuité et mastodonte administratif
"Le système actuel repose sur une recette en amont, versée par l'entreprise qui dépose les déchets. Celle-ci est nécessaire et déterminante pour l'équilibre économique des centres de recyclage. Or, la filière REP passe par la gratuité du dépôt des déchets du bâtiment. Cela nous inquiète car si l'équilibre des plateformes est fragilisé, il n'y aura plus de tri, ni de recyclage."
"L'éco-organisme à créer serait le plus important de France, avec un budget de 2,7 à 3 milliards d'euros. Citeo n'en représente que 25%. Nous sommes inquiets concernant les modalités de sa mise en place. Par ailleurs, tout faire transiter par le biais de ce mastodonte administratif pourrait se révéler peu efficace. Car ce qui est gratuit n'a plus de valeur, et l'effort de tri que réalisent actuellement les entreprises pourrait ne plus être le même."
6 mois pour convaincre
"L'Ademe a réalisé un premier rapport et doit en présenter un définitif. Ensuite, nous disposerons d'environ 6 mois avant la publication du décret qui créera la filière REP. Il doit en effet être publié cet été, peut-être en juin."
"Nous devons mettre à profit ces 6 mois pour poursuivre les discussions avec le Gouvernement et avec l'Ademe. L'objectif est de trouver le système le plus efficace possible. Nous ne désespérons pas."