RENOUVELABLES. La filière des énergies renouvelables avance plusieurs propositions pour dynamiser le secteur, comme la création d'un groupe de travail sur le chauffage bois ou encore la réintégration des ménages aisés dans la prime qui remplacera le crédit d'impôt pour la transition énergétique.
Le secteur des énergies renouvelables est sur une dynamique positive, mais il serait possible d'aller encore plus loin. C'est en résumé le message qu'a voulu faire passer le Syndicat des énergies renouvelables (SER) lors d'une conférence de presse organisée le 15 octobre 2019, à Paris. La part des ENR dans la consommation finale de chaleur est de 19,9% en 2018 (18,7% en 2017), se situant à 141.729 GWh. "C'est dû à trois facteurs", décrypte Jean-Louis Bal, président du SER. "Tout d'abord le fort développement du bois énergie [dont la partie domestique représente 50% de la chaleur renouvelable produite, NDLR], la montée en puissance des pompes à chaleur et celle du biogaz." La part de 19,9% reste toutefois en-deça des objectifs de la PPE, notamment ceux de 2020 qui ne seront pas atteints (33%).
CITE : le SER souhaite des mesures transitoires
Le SER souhaite que cette dynamique soit portée par la prime qui remplacera le crédit d'impôt pour la transition énergétique (CITE). Ce dernier dispositif est loin d'être anodin, puisque d'après l'organisation "60% des volumes de chaleur renouvelable se sont développés" grâce à lui. "Nous souhaitons des mesures transitoires pour éviter que la filière connaisse un trou d'air", explique Jean-Louis Bal. La transformation CITE - prime est en effet prévue en plein hiver 2019-2020, saison de chauffe traditionnellement porteuse économiquement. "Il faut que ceux qui lancent l'investissement en 2019 aient le bénéfice du CITE." Autres propositions : celle de renforcer les moyens financiers et humains de l'Agence nationale pour l'habitat (Anah), qui distribuera la future prime ; permettre aux foyers fermés et aux inserts de bénéficier du CITE pour les opérations de primo-acquisition (pour l'instant, c'est réservé au remplacement d'équipements) ; et aligner les montants de prime de la bûche sur ceux du granulé.
Aller plus loin passera aussi, selon le SER, par un engagement financier plus important de l'État, via notamment le fonds chaleur et la taxe carbone. Mais, de la même manière que la programmation pluriannuelle de l'énergie, cette taxe (aussi appelée contribution climat-énergie, CCE) est suspendue à ce qui sortira de la convention citoyenne instaurée par le président de la République à la suite de la crise des gilets jaunes. "Le Gouvernement se retranche derrière cette convention qui doit nous dire comment rendre cette CCE plus acceptable pour les citoyens", explique le SER. Le point important étant bien sûr que ses recettes devront aller en faveur du financement de la transition énergétique, contrairement à celle envisagée en 2018, qui a déclenché le mouvement social le plus puissant en France depuis mai 1968.
Un groupe de travail sur le bois énergie ?
La filière demande également le lancement d'un groupe de travail sur le bois énergie. Une idée qui intéresse visiblement les pouvoirs publics, qui travaillent toutefois à définir exactement sa portée exacte. Faut-il tenir compte de l'ensemble de la filière bois, dont la partie forestière ? Le SER demande pour sa part qu'il soit spécifiquement axé sur le bois chauffage. Aucune date d'un potentiel lancement n'est pour l'instant connue.
Solaire : "La taille des projets n'est pas encore adaptée aux appels d'offres"
En matière d'électricité renouvelable solaire raccordée, le chiffre de 390 MW est atteint sur le premier semestre 2019 (à comparer au 890 MW observé sur toute l'année 2018). En cumulé, la France parvient à 8.936 MW. Les efforts doivent toutefois être poursuivis pour installer 4 GW supplémentaires par an. "La taille des projets n'est pas encore adaptée aux appels d'offres", explique Jean-Louis Bal. D'où la proposition d'instaurer un guichet ouvert pour les installations de moins de 500 kW et de faciliter l'accès au foncier pour faciliter le développement des centrales au sol.
L'enjeu du biogaz
Pour ce qui est de l'éolien, les projections de la précédente PPE ont été atteintes, se félicite le SER. Au premier semestre 2019, la production s'est située à 528 MW (à comparer aux 1.584 MW sur 2018). Le projet de PPE est de 2 GW/an, objectif qui semble atteignable compte tenu du rythme actuel. "Nous souhaitons d'ailleurs que cette programmation soit adoptée rapidement", assure Jean-Louis Bal. Avec, dans celle-ci, l'assurance qu'un volume d'éolien en mer de 1GW par an soit attribué en 2020 et 2024 pour éviter un trou d'air sur les années 2021 et 2022. Enfin, le biogaz, qui constitue l'autre arbitrage en cours dans la PPE, doit être soutenu. "Nous sommes à 1 TWh, il en faudrait de 39 à 42 en 2030. La prochaine PPE devrait conforter l'objectif de parvenir à 10% de la consommation de gaz en 2030, ce qui nous semble réaliste."
3 technologies "oubliées" dans la PPE ?
Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) souhaite le retour dans la PPE de ce qu'il considère être comme trois filières 'oubliées' : la géothermie électrique (qui pourrait entraîner le développement d'une filière française de production de lithium), l'hydrolien (où de "réels progrès ont été faits sur la rentabilité") et la cogénération bois (technique jugée trop chère mais qui paraît "importante pour la structuration de la filière bois").
Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) souhaite le retour dans la PPE de ce qu'il considère être comme trois filières 'oubliées' : la géothermie électrique (qui pourrait entraîner le développement d'une filière française de production de lithium), l'hydrolien (où de "réels progrès ont été faits sur la rentabilité") et la cogénération bois (technique jugée trop chère mais qui paraît "importante pour la structuration de la filière bois").
La filière pompes à chaleur furieuse de la baisse subite des aides de l'Anah
Un "changement des règles du jeu sans concertation, constituant un précédent fâcheux et révélant pour le moins une faiblesse des politiques publiques d'efficacité énergétique". C'est ainsi que l'Association française de la pompe à chaleur (Afpac) fustige dans un communiqué de presse la diminution subite du plafonnement de l'aide de l'Anah Habiter mieux agilité. L'organisation rappelle qu'elle était consciente des risques d'éco-délinquance à ce sujet, ce pourquoi elle avait réuni "dès le 9 juillet tous les acteurs de la filière afin de mettre en œuvre cet engagement responsable de façon concertée dans un projet clairement défini de 'Charte qualité pour l'installation des pompes à chaleur'".
Qu'en est-il de la crédibilité des acteurs labellisés RGE ?
L'Afpac assure également que les installateurs se retrouvent "déboussolés" après cette annonce, "compte tenu des engagements pris avec leurs clients et demandent à ce que des aménagements concertés soient étudiés et mis en place jusqu'au 31/12/2019". "Cette situation inconcevable et paradoxale risque de mettre en sérieuse difficulté un ensemble économique représentant plus de 24.000 emplois et entacher durablement la crédibilité des installateurs RGE qui se sont engagés envers leurs clients et ne pourront pas tenir leurs promesses de reste à charge."