RÉACTION. Du fait de l'annonce par l'administration de la diminution des aides de MaPrimeRénov pour l'isolation thermique par l'extérieur, la Fédération française du bâtiment alerte sur les dérives liées aux offres dites "à un euro".

Le dispositif d'aide financière MaPrimeRénov, lancé depuis à peine 7 mois, est déjà victime de fraudes. Dans quelle mesure ? Assez, en tout cas, pour que les pouvoirs publics réagissent, en ce mois de juillet, en diminuant du jour au lendemain les forfaits prévus pour l'isolation thermique par l'extérieur. Quelques jours après cette annonce, la Fédération française du bâtiment se déclare "vent debout" contre cette décision, dans un communiqué de presse daté du 17 juillet 2020. "Ces dispositions pénalisent avant tout les ménages modestes et les entreprises qui travaillent bien", réagit ainsi le président de l'organisation professionnelle, Olivier Salleron. Qui dénonce les "intermédiaires peu scrupuleux" qui passent par le système des certificats d'économie d'énergie (CEE), suffisant pour "financer une intervention de piètre qualité". Ces derniers mois, sont remontés du terrain des cas de chantiers d'ITE où le crépi n'avait pas été posé, les panneaux de polystyrène restant à nu.

 

"On pénalise les entreprises vertueuses pour quelques margoulins", O. Salleron (FFB)

 

Le président de la Fédération française du bâtiment, Olivier Salleron, réagit pour Batiactu à l'annonce de l'Anah sur l'isolation thermique par l'extérieur. "Nous allons une fois de plus pénaliser et stigmatiser les entreprises vertueuses, qui font bien leur travail, pour quelques pourcentages d'éco-délinquance et trois ou quatre reportages faits sur le sujet", regrette-t-il. Le patron de la FFB regrette un "retour en arrière", et un énième signe d'instabilité du système d'aides financières. "Nous sommes en pleine période de négociation sur les évolutions possibles de MaPrimeRénov dans le souci de relancer l'activité, les discussions sont constructives", continue-t-il. "Mais lorsque l'on voit ce genre de décisions subites, unilatérales, on se demande si l'on est vraiment écoutés ou non."

 

Olivier Salleron en appelle également à davantage de contrôles, mieux ciblés sur les entreprises suspectes. "Pourquoi ne pas instaurer un contrôle a priori et même a posteriori ? Ces gens-là sont des arnaqueurs, il faut les traquer."

 

La commission chargée de déterminer une série de propositions pour relance le Bâtiment a quoi qu'il en soit terminé son travail, qui devrait être officiellement présenté à Emmanuelle Wargon, ministre de Logement, la semaine prochaine. L'occasion, peut-être, d'entamer une nouvelle période en corrigeant le tir et en évitant ce genre de remous ?

 

Nouveau signe d'instabilité des aides

 

L'organisation représentative des PME du bâtiment regrette également une décision qui vient créer de l'instabilité au niveau des aides. Ces dernières années, la modification constante des aides en fonction de l'évolution des cibles des fraudeurs est devenue une sorte d'habitude, mais ne facilite pas la vie des professionnels honnêtes qui doivent faire avec, et expliquer ces constants revirements à leurs clients. Pour rappel, en début de semaine, l'Agence nationale de l'habitat (Anah) a annoncé limiter la surface éligible aux aides à l'ITE à 100m², et fixer les forfaits à 60 €/m² pour les ménages modestes et 75 €/m² pour les ménages très modestes (contre respectivement 75 €/m² et 100 €/m² auparavant).

 

 

Pour la FFB, ce sont bien les offres à un euro qui sont à la source de ces dérives. "Elles dévalorisent les travaux et permettent à des margoulins de capter à bon compte les CEE associés en bâclant les travaux", peut-on lire dans le communiqué de presse. Ce coup de rabot, enfin, intervient alors que MaPrimeRénov a visiblement du retard à l'allumage, avec 60.000 dossiers déposés sur l'année, à comparer à l'objectif initial de 200.000 primes distribuées en 2020 et 500.000 en 2021. Ce jeudi, le nouveau président de la Capeb, Jean-Christophe Repon, regrettait également cette décision, demandant une hausse des contrôles face à des éco-délinquants qui "renvoient une image très négative de l'artisanat du bâtiment".

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