La Fédération du bâtiment maintient un volume d'activité à +2.2% en 2011, mais reste beaucoup plus mesurée, voire pessimiste, pour l'année prochaine. Elle tire déjà la sonnette d'alarme et engagent les entreprises du secteur à davantage de prudence. Détails.
Le moral n'était pas au beau fixe ce mardi, lors de la conférence de presse trimestrielle de la Fédération du Bâtiment (FFB). Alors que la situation des entreprises du bâtiment reste pourtant bien orientée, son président Didier Ridoret a fait part de ses craintes pour les mois à venir, sur fond de croissance économique générale chaotique.
Ainsi, citant les chiffres du logement neuf, il constate que les autorisations et mises en chantier progressent respectivement de 12.3% et 20.3%, à comparer cependant avec les faibles niveaux de l'année 2010. Comme l'indiquait le ministère de l'Ecologie la semaine dernière, la barre des 400.000 logements commencés ne sera pas franchie d'ici à fin 2011, une annonce de mauvais augure pour 2012. En revanche, le non résidentiel bénéficie d'un état de grâce au premier semestre 2011, les surfaces autorisées et les mises en chantier s'inscrivaient respectivement en hausse de 12 et 21%, hors locaux agricoles. Soit des chiffres « proches du niveau historique de 2007 », précise la FFB. Enfin, l'entretien-amélioration - qui représente toujours 50% de l'activité des entreprises du bâtiment - a retrouvé sa dynamique habituelle, le premier semestre 2001 s'achevant sur une hausse de 1% par rapport à la même période de 2010.
2012 : année de tous les dangers ?
Malgré tout, des difficultés sont attendues dès mi-2012, selon Didier Ridoret, qui explique ce phénomène par le décalage du cycle de l'activité bâtiment. En effet, les carnets de commandes sont bien orientés, l'activité est présente, mais la crise de cet été a, pour l'instant, un impact moindre que dans l'industrie ou les services, souligne le Président de la FFB. D'ores et déjà, il estime que « l'année 2012 sera moins bonne que 2011 » et qu'il serait « aventureux » de donner des prévisions en matière d'activité. Il met ainsi en garde les entreprises du secteur de « ne pas tomber dans le 'surdimensionnement' de l'outil de production ». En clair, il sous-entend que la contraction de l'activité entraînera de facto la contraction des effectifs, et que les entreprises devront se soumettre, cette fois-ci, à ce phénomène. En 2008, celles-ci avaient conservé leurs emplois, ce qui avait conduit à une hausse continue des prix, à une concurrence exacerbée entre les entreprises et à de lourds problèmes de trésorerie en plus d'une loi LME inadaptée et de délais de paiement raccourcis. « On ne pourra pas le vivre une deuxième fois », prévient Didier Ridoret.
Enfin, concernant les dernières mesures gouvernementales adoptées pour réduire le déficit, Didier Ridoret s'inscrit en faux et dit, par exemple, « avoir très mal vécu » l'annonce de la taxe sur les plus-values immobilière, qui, selon lui, est « un frein à la fluidité du marché ». Il a donc rappelé qu'il continuerait d'alerter les pouvoirs publics afin que « l'immobilier ne devienne pas une victime expiatoire du désendettement ». Et d'ajouter : « Les pouvoirs publics doivent veiller à ne pas amplifier, ou pire, accélérer le recul attendu de l'activité par un train groupé de mesures négatives, qu'il s'agisse du secteur privé ou du secteur HLM dont l'importance des volumes soutient l'activité ». Il aura tout le loisir de la campagne présidentielle pour faire entendre sa voix et celle de ses entreprises du bâtiment…