CHIFFRES. La part des femmes travaillant dans le secteur de la construction progresse lentement, mais sûrement. Les initiatives se multiplient, par ailleurs, pour mieux les accueillir et les intégrer.
12,9% : c'est la part des femmes travaillant dans le secteur du bâtiment en 2022, d'après la Fédération française du bâtiment (FFB). Ce pourcentage était de 12,3 en 2020 et 8,6% en 2000. L'organisation vient de communiquer ce chiffre, en assurant mener une "politique volontariste en faveur de l'accueil des femmes dans l'ensemble des métiers du bâtiment". Une parfaite mixité est en passe d'être atteinte, d'après la même source, chez les employés et techniciens (46,3%). Mais elle reste un objectif de plus long terme chez les cadres du secteur (21%) et surtout les ouvriers (1,8%). Dans ce dernier segment de salariat, la pénibilité des métiers reste probablement un repoussoir pour de nombreuses femmes. Pourtant, cela ne devrait plus être le cas, estiment certains acteurs du secteur, comme Frédéric Gardès, P-DG de Colas. "Dire que nos métiers sont très pénibles est, à mon sens, une idée reçue !", assurait-il dans nos colonnes. "J'ai longtemps travaillé sur les chantiers, et les conditions de travail ont évolué : nos machines sont guidées et modernes et il y a plus de flexibilité dans l'organisation du travail. [...] C'est pourquoi je ne trouve aucune raison objective à la sous-représentation des femmes dans les métiers de terrain."
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En matière d'entrepreneuriat, plus d'une entreprise sur deux sont dirigées ou co-dirigées par une femme, rappelle également la FFB. Et l'organisation compte pour 25% de femmes au sein de son école supérieure des jeunes dirigeants du bâtiment (ESJDB) et 3.000 femmes membres des groupes "Femmes dirigeantes de la FFB". De quoi espérer, pour les représentants de la profession, un avenir plus paritaire dans ces métiers.
Des mesures pour favoriser la mixité
De nombreuses entreprises et organisations ont pris ces sujets à bras-le-corps, ces derniers mois. Parmi les nombreuses initiatives prises, le réseau Batifemmes qui réunit des salariées travaillant dans le second œuvre, ou encore le concours "Les Talentes" qui s'est donné pour mission de distinguer les parcours féminins dans les secteurs des services, du conseil, de l'ingénierie et du numérique. L'organisation professionnelle des entreprises générales de France (EGF.BTP), a de son côté proposé une série de mesures à mettre en œuvre pour favoriser la mixité en entreprise.
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"Un livret informatif pour toute nouvelle personne qui intègre notre groupe"
Le problème du sexisme, voire du harcèlement sexuel, en entreprise, est également de plus en plus pris au sérieux. L'Institut national de recherche et de sécurité (INRS) a ainsi publié un dossier en ligne sur le sujet, rappelant que plus les environnements de travail étaient à forte dominance masculine, plus les risques de harcèlement étaient réels. Plus concrètement, la société BTP consultants a mis en place une charte pour prévenir les violences sexistes et sexuelles au travail. "Nous prévoyons de communiquer en interne et de distribuer un livret informatif à toute nouvelle personne qui intègre notre groupe, afin qu'elle soit sensibilisée à ce sujet", expliquait auprès de Batiactu Emmanuel Fombertasse, directeur des ressources humaines du groupe. Des initiatives d'autant plus bienvenues que la pression sur certaines femmes est telle qu'elles décident parfois de quitter le secteur, comme en témoignait lors d'une table ronde Loubna Bounouré, cheffe de projet à Transamo, une entreprise dédiée à la maîtrise d'ouvrage des projets de mobilité. La part des femmes dans le secteur de la construction progresse, c'est certain, mais les obstacles à leur plein épanouissement au sein du secteur sont encore nombreux.
Un peu moins présentes dans les travaux publics