La cour des comptes, qui vient de rendre son rapport concernant les coûts de la filière nucléaire, annonce la couleur : la facture pourrait être salée pour les années à venir puisque les coûts de maintenance du parc devront doubler d'ici à 2025 pour assurer la sécurité des structures. Conséquence : les coûts de production devraient également progresser. Découvrez les principaux chiffres du rapport.
Le rapport de la cour des comptes sur les coûts de la filière nucléaire vient d'être dévoilé établissant un bilan précis sur les investissements passés, présents et futurs.
Ainsi, le coût de construction des 58 réacteurs actuels qui représentent une puissance installée de 62.510 mégawatts (MW), a coûté 96 Md€. Il faut ajouter à cet investissement initial, pour 6 Md€, le coût de construction de la première génération. Et ce coût de construction a même augmenté dans le temps.
Ensuite, le rapport revient sur les charges d'exploitation annuelles d'EDF qui se sont établies à 8,9 milliards d'euros pour une production de 407,9 terawatt-heure en 2010. Mais ce sont les charges futures qui sont inquiétantes car "incertaines par nature", comme le précise la cour. Le total atteint à fin 2010 : 79,4 milliards d'euros, dont 62 pour EDF. Parmi ces coûts, on trouve les dépenses de démantèlement, c'est-à-dire les dépenses de «démolition» des centrales, «sont estimées aujourd'hui à 18,4 Md€, en charges brutes, pour le démantèlement des 58 réacteurs du parc actuel», précise la cour des comptes qui tempère tout de même : «La Cour considère que les méthodes utilisées par EDF pour ce calcul sont pertinentes mais ne peut pas en valider les paramètres techniques, en l'absence d'études approfondies par des experts». A cela s'ajoute le coût de la gestion des déchets à long terme qui est estimé à 28,4 milliards d'euros. Une estimation jugée "fragile", en raison d'un projet encore non définitif.
Un coût élevé pour la maintenance
Par ailleurs, les investissements de maintenance d'EDF ont été planifiés pour 2011-2025 et pourraient atteindre 50 Md€, soit une moyenne annuelle d'environ 3,3 Md€, ce qui correspond presque au double des investissements réalisés en 2010 (1,7 Md€). POur répondre aux exigences de l'ASN (Autorité de sûreté nucléaire), il faudrait débloquer une dizaine de milliards d'euros, dont la moitié serait prévue dans les 50 Md€. Quant au coût de production global, il devrait aussi progresser.
D'une manière ou d'une autre, la cour conclut que «quels que soient les choix retenus, afin de maintenir la production actuelle, des investissements importants sont à prévoir à court et moyen terme représentant a minima un doublement du rythme actuel d'investissement de maintenance. Ce doublement fera augmenter le coût moyen de production de l'ordre de 10 %».
Réaction du ministère de l'Industrie
En réaction, Eric Besson, ministre de l'Industrie, a précisé : «La première conclusion de ce rapport est que le mythe du coût caché du nucléaire s'effondre. La deuxième c'est qu'il y a certes des incertitudes sur les coûts du démantèlement et des déchets, que nous nous efforçons d'ailleurs de réduire, mais surtout que ces incertitudes ne font évoluer que marginalement le coût du nucléaire. L'avantage économique de notre parc nucléaire est donc confirmé. La fermeture anticipée de nos réacteurs, dès lors qu'elle ne serait pas demandée par l'Autorité de sûreté nucléaire, serait un gâchis économique important qui s'accompagnerait d'une hausse inutile des prix de l'électricité».