ELECTRICITE. D'après des informations obtenues par Batiactu, les pouvoirs publics auraient tranché sur deux arbitrages lourds de conséquences pour la future réglementation environnementale 2020 : le facteur de conversion en énergie primaire pour l'électricité et le contenu carbone pour le chauffage électrique.

L'État aurait tranché sur deux dossiers brûlants, qui à eux deux devraient redistribuer les cartes entre les différentes énergies dans la réglementation environnementale 2020. D'après nos informations, le facteur d'énergie primaire de l'électricité va être ramené de 2,58 à 2,3, et le contenu carbone de l'électricité va être fixé à 80 grammes CO2/kW.h (contre 210 dans l'expérimentation E+C-). Ces évolutions avaient été communiquées par la direction générale de l'énergie et du climat (DGEC) lors du colloque de l'Union française de l'électricité (UFE), fin 2019. Mais la décision ne semblait alors pas encore inscrite dans le marbre. La programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) et la stratégie nationale bas carbone (SNBC) devant être mises en consultation le 20 janvier prochain, il paraît logique que l'État fasse état de certains arbitrages en amont.

 

RE2020 : le soutien à l'électrique semble confirmé

 

Ces deux décisions, si elles étaient officiellement communiquées, confirmerait le soutien apporté par l'administration à l'électricité dans les bâtiments, en vue du respect de la stratégie nationale bas carbone 2050. Et ne ferait que mécontenter un peu plus les 1.700 ingénieurs thermiciens et architectes ayant signé une pétition attaquant les projets gouvernementaux sur ces points précis du facteur de conversion et du contenu carbone de l'électricité. Une tribune, rédigée par l'ingénieur Thierry Rieser, proposait notamment de faire passer ce coefficient de 2,58 à 2,74...

 

 

Comment se justifient les pouvoirs publics ? Pour calculer le facteur de conversion d'énergie primaire de l'électricité, sachant que les bâtiments sont au moins construits pour 50 ans, l'idée a été de se projeter sur un mix énergétique prospectif français en 2035, en suivant une méthode de calcul fixée par la Commission européenne. En ce qui concerne le contenu carbone de l'électricité, la DGEC a souhaité évoluer vers une méthode dite "mensualisée par usage". "Elle associe à chaque mois de l'année un contenu carbone moyen et à chaque usage une consommation différente pour chaque mois de l'année, ce qui permet de calculer un facteur d'émission annuel moyen pour chaque usage", précise une récente note de cadrage ministérielle. C'est cette technique qui débouche, pour le chauffage, sur un chiffre de 80 gCO2/kWh.

 

Ces arbitrages poseraient ainsi les bases pour penser la future réglementation. Des simulations destinées à savoir où fixer les seuils énergie et carbone sont en passe d'être lancées.

 

"Deux décisions qui vont dans le bon sens", Équilibre des énergies
Contactée par Batiactu, l'association Équilibre des énergies (Eden) salue, si elles étaient officiellement confirmées, deux décisions qui "vont dans le bon sens". "Nous nous félicitons tout d'abord que l'État ait visiblement pris des décisions", nous explique Jean-Pierre Hauet, président du comité scientifique d'Eden. En ce qui concerne le contenu CO2 de l'énergie électrique affectée au chauffage, le chiffre de 80 grammes CO2/kW.h paraît "correct". Toutefois, en ce qui concerne le facteur de conversion, Eden ne voit dans la diminution à 2,3 qu'une "étape". "Ce facteur est un critère obsolète compte tenu notamment du développement des énergies renouvelables", estime-t-il. "Nous pouvons le garder dans une optique de transition, mais à l'avenir concentrons-nous plutôt sur l'essentiel, à savoir le niveau d'énergie consommée, les émissions de C02 et la dépense en euros - dépense qui figurera, en vertu de la loi Energie climat, dans le diagnostic de performance énergétique."

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