Technicien, dessinateur, à la pointe de l'innovation, mais aussi cher : l'image que les Franciliens ont de la profession d'architecte reste désuète, indique le tout récent sondage BVA/Ordre des architectes d'Ile de France en partenariat avec Le Figaro Immobilier. Ses missions restent encore méconnues et certains clichés demeurent. Détails et analyse.
L'architecte renvoie avant tout une image de technicien. C'est le principal enseignement du sondage* BVA pour l'Ordre des Architectes d'Ile de France (CROA) en partenariat avec Le Figaro Immobilier, dévoilé ce jeudi.
Technicien au sens où l'architecte, pour 94% des répondants, « dessinent » les bâtiments et les maisons pour les intégrer dans leur environnement. Un peu réducteur ? Ils sont toutefois 71% à savoir qu'il peut suivre un chantier et en assurer la conduite, 66% à lui attribuer un rôle de conseiller sur la faisabilité technique et financière d'un projet et seulement 54% à savoir qu'il peut construire des maisons, immeubles et bâtiments publics. Quant à le désigner comme signataire légal du permis de construire, les Franciliens en sont bien loin (43%).
Un technicien, pas un artiste sur son piédestal
La palette de missions du maître d'œuvre se cantonne, selon les Franciliens interrogés, aux équipements publics (61%), à l'urbanisme et à l'aménagement des espaces urbains. Mais étonnamment pas à la construction de maisons individuelles et à la réhabilitation, qui sont pourtant les secteurs où l'architecte est le plus présent.
Technicien certes, mais toujours à la pointe de l'innovation. C'est ce que retiennent les Franciliens qui mettent aussi en avant son savoir-faire et sa maîtrise technique (58%), devant le prix, s'ils devaient avoir recours à un architecte. A lui les capacités à choisir le terrain, l'agencement de l'habitat, à vérifier la faisabilité du projet, à imaginer des restructurations… mais pas celles d'avoir un talent artistique. Une qualité qui arrive même en dernière position des critères de choix d'un architecte (21%) ! En revanche, on le choisira pour sa connaissance des matériaux innovants (58%) ou pour répondre à l'équation logements de qualité + coût raisonnable (55%).
« C'est un point très positif que l'architecte soit perçu comme un technicien, nous confie Christine Leconte, secrétaire générale de l'Ordre d'Ile de France (CROAIF). Fini l'image d'un architecte diémurge, installé sur un piédestal ! Cela montre que l'architecte est ancré dans la réalité et qu'il peut jouer un vrai rôle sociétal et social. Cela répond aussi à la mutation de notre métier, et à la notion de proximité recherchée. »
L'architecte, une élite ?
Mais l'idée reçue la plus répandue, sans surprise, est celle qu'un architecte est cher. Après le fait de ne pas avoir de projets de construction à réaliser dans l'immédiat (73%), les honoraires élevés des professionnels restent un frein pour 40% des répondants. Une idée qui est véritablement ancrée dans l'esprit des gens (94%), devant celle qu'architecte est un métier où l'on gagne bien sa vie (91%) ! Et logiquement où la précarité n'a pas lieu d'être (67%).
« Nous savons qu'il faut nous confronter à cette idée, et l'on ne peut pas passer à côté, avoue Christine Leconte. Mais on doit la faire évoluer. Nous devons montrer que le coût c'est aussi la valeur ajoutée de l'architecte, celle qui impacte sur la qualité de vie au quotidien. Le prix, c'est la plus-value technique ! ».
Dépasser les idées reçues, ce sera un des messages que l'Ordre d'Ile de France souhaite faire passer à l'occasion de l'événement « Architecte, un métier en (r)évolution » qui se tient en région à partir de ce jeudi 7 avril et jusqu'à samedi, et qui permettra de montrer et comprendre l'évolution de la profession. Au menu : débats, ateliers, balades urbaines… le grand public sera convié sur la journée du samedi à participer à ces rencontres. « Cela s'inscrit dans un dispositif global de communication initié par l'Ordre national. L'enjeu est de montrer un métier qui s'ouvre sur la société, que l'architecture est partout et que seule compte l'architecture du quotidien », conclut Christine Leconte.
*Enquête réalisée auprès d'un échantillon de Français interrogés par Internet du 9 au 14 mars 2016. Echantillon de 1.000 personnes, représentatif des habitants d'Ile de France, âgés de 18 ans et plus.