Fabien Vienne, du jeu de construction jusqu'à la maison

 

Depuis plus de vingt ans, il imagine et crée des jeux de construction qui explorent et exploitent la géométrie. "Ils permettent de concevoir et d'appréhender les systèmes constructifs : 'il s'agit de faire comprendre par le faire'. Et ce n'est pas tout, ils facilitent la compréhension des constructions dans toutes les dimensions", raconte Fabien Vienne. Et de poursuivre : "L'architecture n'est pas qu'un problème de bâtiment, mais de structures dans l'espace".

 

C'est donc à sa manière, que l'architecte âgé aujourd'hui de 90 ans, aborde son métier. Et pour en arriver là, cet inventeur n'a pas choisi le chemin le plus facile. D'ailleurs, il ne devient officiellement architecte qu'en 1977 : "J'ai toujours été une espèce de marginal. J'ai fait de l'architecture sans être architecte", nous confie-t-il. Un parcours atypique donc qui l'a mené aux quatre coins du monde, mais surtout à La Réunion, endroit où il se forma et se confronta à la réalité des marchés. "A seulement 25 ans, je me suis retrouvé urbaniste de l'île et j'ai donc appris sur le tas", concède-t-il. Il travaille au départ uniquement pour des commandes privées, et notamment pour l'entreprise Tomi pour laquelle il imaginera le système EXN, utilisé encore de nos jours. Il s'agit d'un procédé industriel de construction en bois varié et économique, résistant, notamment, aux cyclones. Loin du circuit traditionnel, il a donc pu développer ce type d'idées en s'affranchissant des règles et normes de la production de masse. En 1957, il monte son agence SOAA avec son épouse Jacqueline. Une personne qui comme il le souligne avec tendresse fut, ô combien, précieuse pour l'ensemble de sa carrière.

Une âme d'enfant

A travers ses rencontres comme Jean Bossu, ancien collaborateur de Le Corbusier, Jean Prouvé, Charlotte Perriand, il a tour à tour créé des maisons, des programmes de logements comme l'ensemble d'habitations "Notre-Dame de la Garde" à La Ciotat, ou encore des meubles tels que la gamme Cox dessinée sur une base modulaire. "J'ai toujours été un manuel, et tous les objets entrent dans l'architecture", précise-t-il. Jamais à court d'idées, il puisera régulièrement son inspiration dans la réalisation de petits objets et notamment des jeux de construction. Un passe-temps auquel il s'adonne depuis son enfance : "Petit, je m'amusais avec des boîtes d'allumettes qui me servaient à faire des meubles en carton. Il n'y a pas de rupture entre le jeu et l'architecture", explique-t-il. Trigones en carton, Tubespace, Mappemonde tournant en temps réel où l'on peut voir le jour et la nuit des différents pays font partie des objets uniques tout droit sortis de l'imagination et surtout de l'esprit ingénieux de ce doux rêveur "scientifique". Si aujourd'hui, il passe moins de temps à faire ses maquettes, il n'en reste pas moins généreux à évoquer et partager son travail, et surtout ses jeux. Avec son œil pétillant, celui qui avoue avoir "une drôle de vie", a su garder intacte son âme d'enfant !