RETOUR D'EXPERIENCE (3/3). Les douze expérimentations supervisées par le Plan Bâtiment Durable et l'Ademe ne s'adressaient pas toutes aux professionnels. Certaines initiatives visaient le grand public afin de sensibiliser les occupants de logements aux travaux de réhabilitation énergétique. Découverte de ces bonnes idées.
Si la notion de VEFA Réno est encore obscure pour vous, si les questions de tiers-payant artisan ou d'auto-rénovation accompagnée sont trop loin de vos préoccupations, peut-être serez-vous plus sensible à d'autres opérations de communication d'ExpéRénos, orientées grand public ? Après six mois d'expérimentations, quatre de ces initiatives ont présenté leurs premiers résultats.
Vous êtes plutôt bricolo ou apéro ?
Première idée des conseillers info énergie : prendre contact avec les clients des grandes surfaces de bricolage (GSB), directement sur les lieux de vente. C'est l'ambition de "Pop-Up Réno", testée par l'Agence départementale pour l'information sur le logement (Adil) des Deux-Sèvres. Dago Agbodan, de la plateforme de rénovation ACT'e, résume : "Nous avons travaillé avec Castorama. Les Deux-Sèvres sont un territoire plutôt rural, avec des maisons en pierre. L'idée a été de porter le message des centres info énergie dans les GSB avec une mise en scène un peu décalée, faisant intervenir un comédien". L'opération reposait également sur l'installation d'un espace d'échanges et la mise à disposition de cartes postales colorées et d'un book de la rénovation illustré. "Des choses qualitatives, pour interpeller les gens sur la qualité de l'air intérieur ou sur le budget de chauffage", poursuit Dago Agbodan. En tout, 7 conseillers ont été mobilisés sur une journée et pas moins de 168 clients approchés. Face à la réussite de l'opération, 7 autres animations en point de vente sont d'ores et déjà prévues cette année, preuve de la pertinence de cette approche délocalisée.
Deuxième option, approcher les propriétaires de maisons individuelles directement dans leur rue. C'est ce qu'a tenté l'Adil de la Drôme en organisant "Eco-Loti". Emmanuel Delpont, conseiller énergie, raconte : "Le message porte mieux entre particuliers. Il faut donc trouver des relais qui parlent de rénovation énergétique des logements. Or, dans les lotissements, les maisons sont sensiblement identiques". L'Adil 26 a donc ciblé ces opérations immobilières, où les pavillons ont été construits dans les années 1970-1980 et s'avèrent être peu isolés, en les repérant par thermographie aérienne. Puis, à l'entrée de ces lotissements, l'agence a tout simplement convié les riverains à un "Apéro-réno" ! Une animation sympathique et conviviale qui a permis de rencontrer 17 personnes différentes en un après-midi - malgré la forte concurrence d'un autre événement local d'envergure : la fête de l'école. Grâce à ces différents contacts, sept bilans énergétiques ont été réalisés et quatre devraient déboucher sur des travaux. Un bilan plus que positif pour une opération ponctuelle qui n'aura coûté qu'un peu de saucisson et quelques boissons.
Faire la sortie des collèges (ou des écoles d'Archi)
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Troisième possibilité, raccrocher la rénovation énergétique des bâtiments à un événement d'ampleur nationale : les Journées du Patrimoine. C'est le pari audacieux de David Abittan, fondateur de Temaprod, qui a développé le concept alternatif de "Journée du Patrimoine Ordinaire". Il dévoile : "L'idée sera de s'associer à des événements des Journées du Patrimoine, qui ont lieu en septembre dernier, pour solliciter les gens à la sortie d'une visite de monument pour leur présenter l'architecture 'ordinaire' et les sensibiliser aux enjeux de rénovation énergétique". Avant le jour J, deux tests ont été menés, à Lyon et Versailles, avec un certain succès : 45 personnes ont été rencontrées lors de 8 visites guidées différentes dans les rues de ces villes. Mais l'histoire ne dit pas si elles ont décidé de lancer des travaux chez elles en rentrant.
Dernière façon d'approcher les occupants d'un logement : s'adresser à leur progéniture. Cette fois, c'est l'Adil du Loiret qui souhaite "acculturer les enfants à l'habitat et à l'énergie, pour en faire des ambassadeurs de la rénovation énergétique". Un projet qui prend le nom de code "Sherlock Home's" et la forme d'une véritable enquête policière. Luc Guillier et Mylène Boileau relatent : "Nous avons visité une classe de 5e lors de quatre séances, pour les former à la thématique de l'efficacité énergétique. Les élèves se sont vu remettre un carnet, pour mener l'enquête chez eux et sensibiliser ainsi les parents". Les 27 enfants se sont penchés avec intérêt sur "L'affaire du kilowattheure" et sept foyers ont déclaré vouloir en savoir plus auprès d'un Espace Info Energie. Trois ont effectivement contacté des conseillers par téléphone avant qu'une famille ne prenne un rendez-vous physique. Les deux animateurs du projet poursuivent : "Une version 2 est en préparation, et les tests se feront à plus grande échelle, auprès de 5 à 10 classes. Pour y parvenir il faudra donc former les équipes enseignantes et obtenir l'appui de l'Education nationale". Astucieusement, Luc Guillier et Mylène Boileau ajoutent que l'objectif dès 2020 sera de… 2020 classes. Sûrement un excellent moyen de toucher les masses et donc de massifier les travaux de réhabilitation en France.