Pour Antoine Desbarrières, directeur général de Qualitel et président de Cerqual (organisme de certification), le retour sur investissement dans le neuf et dans l'ancien (hors dispositifs incitatifs) est différent. Le temps de retour théorique pour la construction neuve est de 10 ans en moyenne, une valeur qui serait en réalité de 12 ans avec une incertitude sur le coût de la maintenance et sur l'impact majeur des coûts futurs de l'énergie. Pour l'ancien, en rénovation partielle ou BBC, le temps de retour grimpe à 10 ou 20 ans, étant plus long sur l'isolation des murs et menuiseries extérieures. Ce délai ne serait pas incitatif pour l'occupant envisageant de changer de logement. La Garantie de Performance Environnementale permettrait, selon lui, de fiabiliser le niveau de consommation réelle. La « valeur verte » est la survaleur patrimoniale d'environ 6 % liée au caractère environnemental et à la performance énergétique. Il s'agit bien d'un levier économique essentiel qui permettra d'atteindre les objectifs du Grenelle de l'Environnement, dans le parc existant.

 

Imposer la rénovation ?
Face à l'enjeu collectif, certains relèvent une certaine impuissance des incitations à déclencher des travaux dans certains segments du parc, dont le locatif privé et tout spécialement en copropriété. Une situation qui conduit certains à souhaiter une contrainte légale plus forte, comme Alain Maugard. Le président de Qualibat milite en effet pour une obligation de travaux au moment de la cession ou de la mise en location d'un bien immobilier, et pour « imposer » la rénovation. Selon lui, il n'y aurait en réalité aucun surcoût pour les bâtiments BBC, reposant sur des techniques constructives déjà maîtrisées. Un point vivement débattu, notamment avec Philippe Ranchère, directeur de l'ADIL du Finistère qui estime, lui, qu'une opération BBC est en moyenne de 10 à 15 % plus chère qu'une opération classique. Il redoute notamment que le BBC « ne devienne le marché d'une clientèle aisée ou militante ».

 

Alain Maugard, lors de son intervention a toutefois précisé que « les obligations n'avaient de valeur que si elles étaient partagées comme un choix de société », tombant d'accord avec Philippe Pelletier, le président du comité stratégique du Plan Bâtiment Grenelle. L'avocat est en effet opposé à un surplus de normes et d'obligations dans un pays qu'il estime déjà surchargé de textes législatifs.

 

Enfin, Jean-Yves Robin, vice-président de la Fédération Française du Bâtiment a pour sa part insisté sur la mobilisation et la montée en compétence des professionnels. La journée de colloque s'est achevée par une allocution de Jean-Marc Michel, qui représentait le secrétaire d'état au Logement Benoist Apparu, et qui a insisté sur la qualité des débats et des interventions lors des deux réunions organisées par l'Anil.

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