EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE. Le Parlement et le Conseil (représentant les États-membres) européens viennent de tomber d'accord sur de nouvelles échéances en matière de rénovation thermique et de décarbonation des bâtiments. La directive révisée sur la performance énergétique concerne particulièrement les installations solaires et les chaudières fossiles.
L'Europe passe encore un nouveau cap dans la course à la rénovation thermique et la décarbonation des bâtiments. Ce 7 décembre, le Parlement et le Conseil (porte-parole des États-membres) européens viennent de tomber d'accord sur de nouvelles échéances pour atteindre plus rapidement des niveaux d'efficacité énergétique satisfaisants.
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Concrètement, les eurodéputés et les représentants des gouvernements ont décidé que toutes les constructions neuves devront être "zéro émission" dès 2030. Pour rappel, les bâtiments représentent aujourd'hui 36% des émissions de gaz à effet de serre (GES) et 40% de la consommation énergétique de l'Union européenne. Mais celle-ci veut accélérer leur décarbonation afin d'atteindre les objectifs qu'elle s'est fixée dans la lutte contre le changement climatique.
Rendre le parc "climatiquement neutre" d'ici 2050
Via une révision de la directive sur la performance énergétique des bâtiments proposée par la Commission européenne dans le cadre du paquet législatif "Fit for 55", le but est donc de réduire drastiquement les GES ainsi que la consommation d'énergie du secteur du bâtiment. Dans le même temps, le texte remanié ambitionne de réhabiliter un plus grand nombre de bâtiments aujourd'hui très énergivores, et d'améliorer le partage d'informations sur la performance énergétique, de sorte à rendre le parc "climatiquement neutre" d'ici 2050.
"Nous avons créé un plan pour la transition vers un parc immobilier à zéro émission", s'est félicité Le rapporteur de la directive, l'écologiste irlandais Ciarán Cuffe. Selon lui, "avec ce plan, nous ajoutons un pilier essentiel aux plans de décarbonisation de l'UE et commençons le long voyage vers la réduction de 36% des émissions de CO2 de l'Europe".
Les bâtiments publics concernés en priorité
Un voyage dont la première étape concernera les bâtiments publics, qui devront montrer l'exemple en devenant neutres en carbone dès 2028, soit deux ans plus tôt que le reste du parc. "Les États-membres pourront prendre en compte le potentiel de réchauffement global sur l'ensemble du cycle de vie du bâtiment, qui inclut la production et l'élimination des produits de construction", précise un communiqué du Parlement européen.
Dans le résidentiel, la baisse de l'énergie primaire "moyenne" utilisée devra être d'au moins 16% d'ici six ans, et comprise dans une fourchette allant de 20 à 22% d'ici 2035. Dans le tertiaire et l'industriel, les Vingt-Sept seront tenus de mettre en place "des exigences minimales de performance énergétique" afin de rénover les 16% les moins performants d'ici 2030, et les 26% à horizon 2033.
Solaire obligatoire dans le neuf d'ici 2030
L'objectif est également d'accroître la part des énergies renouvelables dans le bâti. Ce sera particulièrement le cas des installations solaires, qui devront être déployées "si cela est techniquement et économiquement adapté", et "en fonction de leur taille", dans les bâtiments publics et le parc non résidentiel. De même, il deviendra obligatoire d'installer des capacités solaires dans toutes les constructions résidentielles neuves d'ici 2030.
L'autre volet majeur de la décision européenne concerne la suppression progressive des chaudières à combustibles fossiles d'ici 2040, bel et bien actée. Au programme : des mesures de décarbonation des systèmes de chauffage et de climatisation, l'arrêt des subventions pour les chaudières à combustibles fossiles autonomes à partir de 2025, et la possibilité de maintenir des incitations financières pour les systèmes hybrides, "tels que ceux combinant une chaudière avec une installation solaire thermique ou une pompe à chaleur".
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Lutter contre la précarité énergétique
Précision importante : des exemptions sont prévues par la future loi européenne. Les bâtiments agricoles et les sites patrimoniaux pourront par exemple être dispensés de cette nouvelle réglementation. Les Vingt-Sept auront aussi la possibilité d'exclure les bâtiments classés au titre de leur histoire ou de leur architecture, certaines installations temporaires ainsi que les églises et autres lieux de culte.
Si l'adaptation au dérèglement climatique est centrale dans cette batterie de mesures, l'argument de la justice sociale est aussi invoqué. "Nous devons aider les citoyens à économiser de l'argent et les protéger contre les prix volatils de l'énergie. C'est pourquoi nous avons choisi une voie qui peut réduire les factures d'énergie pour tous, propriétaires et locataires, et qui s'attaque aux causes profondes de la précarité énergétique", a plaidé Ciarán Cuffe. Mais se posera alors la question de l'accompagnement des acteurs du bâtiment, et spécialement des ménages.