CONJONCTURE. Le troisième observatoire du biométhane en Europe de France Biométhane révèle une filière en croissance, qui commence à se stabiliser mais qui révèle des disparités persistantes entre les Etats.
Sur le front de la production de biométhane, l'Europe présente encore un bilan assez hétérogène. Le troisième observatoire de la filière réalisé par Sia Partners et repris par le think tank France Biométhane a analysé et comparé les données émanant de 11 pays, à commencer par la France et ses voisins allemand, italien, britannique, suisse, autrichien et néerlandais mais également les pays scandinaves : Suède, Danemark, Norvège et Finlande.
L'hexagone, lui, soutient le développement du gaz vert avec une filière du biométhane qui devrait connaître de nouveaux investissements à hauteur de "3 milliards d'euros", chiffre France Biométhane qui craint néanmoins que cet élan ne soit freiné "par le foisonnement d'enjeux réglementaires (...) qui consacrent et en même temps perturbent les projets en cours de développement". En 2018, la France a injecté l'équivalent de 714 GWh dans son réseau, sur les 685 unités dont elle dispose. Seulement 11% d'entre elles valorisent le biogaz en biométhane, malgré un taux d'injection de 100%. "Le développement de la filière s'est amplifié, le nombre d'unités injectant du biométhane au réseau passant de 44 en 2017 à plus d'une centaine aujourd'hui", précise un communiqué de presse. "L'objectif de 10% de gaz vert dans les réseaux en 2030 inscrit dans la loi de transition énergétique de 2015 paraît plus que jamais atteignable : 800 demandes de raccordement ont été déposées entre 2011 et 2019 par des porteurs de projets."
En Europe, la filière biométhane fait l'objet de politiques hétérogènes en matière de production et de soutien à la filière. Mais le secteur flirte toujours avec la croissance, avec une hausse de 9% des installations, et de 6% "sur la capacité installée". L'observatoire estime que le curseur de progression pourrait aller encore plus haut, si certains pays "profitent d'un nouveau cadre réglementaire favorable". C'est le cas de l'Italie par exemple, qui figure en deuxième place du podium avec un nombre d'unités de production proche des 2.000.
Une montée en puissance des déchets agricoles et organiques
Ce podium est partagé avec l'Allemagne, grande première qui dispose de 10.971 unités de production, mais dont le pourcentage de valorisation de gaz vert demeure encore très faible, n'atteignant même pas 5%. A contrario, le taux de valorisation du biométhane s'avère bien plus élevé dans les pays scandinaves et les Pays-Bas, qui peuvent paraître de prime abord "pauvres" en installations. C'est en Suède que le taux de valorisation est le plus élevé, dépassant la barre des 25%, quand ses voisins norvégien, danois et finlandais oscillent entre 10 et 20%.
Mais l'Allemagne et le Royaume-Uni -en troisième place du podium- restent "des pionniers dans le verdissement de leur gaz ", selon l'observatoire. Si la dynamique semble se stabiliser en Allemagne, le Royaume-Uni pourrait tirer profit d'un "changement d'orientation de politique énergétique" et valoriser davantage son biométhane dans les transports et le chauffage.
L'étude observe également des changements dans le type d'entrants, les Etats se refusant peu à peu à exploiter les sols pour des cultures énergétiques, comme en Allemagne. Cela se traduit par une augmentation de la part de déchets agricoles et organiques, qui remplacent également, en Suisse ou en Autriche les boues d'épuration. Preuve que le gaz vert peut encore se verdir.